Acouphènes, parlez-en !

2 Français sur 5 seraient touchés par des acouphènes, selon un sondage Ifop réalisé pour la Journée nationale de l'audition. Modifier ses habitudes et se protéger des expositions sonores excessives peuvent aider à les limiter.

Acouphènes, parlez-en !
© marcinska - 123 RF

Bourdonnements, chuintements, grincements, sifflements... Les acouphènes perturbent le quotidien de nombreux Français. D'intensité et de durée variables, ces bruits parasites et désagréables peuvent toucher une ou deux oreilles. Dans 95 % des cas, les victimes d'acouphènes sont les seules à entendre un bruit qui n'existe pas réellement. On estime que 28 % de la population française ressent actuellement des acouphènes (sondage Ifop/JNA, 2018), soit entre 14 et 17 millions de Français. Parmi eux, 2 à 4 millions en souffrirait de manière continue, en permanence. Les plus jeunes sont particulièrement touchés par cette gêne auditive : 56% des 15-17 ans et 49% des 18-24 ans affirment ressentir ou avoir déjà ressenti des acouphènes. Une incidence élevée, qui s'explique notamment par une utilisation plus fréquente des casques audio dont le volume sonore est souvent trop élevé. Le problème, c'est qu'ils consultent peu : 60% des 15-17 ans et 67% des 18-24 ans ne sont pas allés voir un médecin généraliste pour leurs acouphènes. 

Les acouphènes (bourdonnement et sifflements dans la tête et dans l'oreille) mais aussi l'hyperacousie (hypersensibilité aux bruits normalement supportés) sont des symptômes ORL de plus en plus fréquents au sein de la population française. Leur origine est encore mal expliquée et peut être multiple : traumatisme sensoriel auditif (lié aux pratiques d'écoute de musique amplifiée ou au bruit au travail), âge, choc émotionnel, infection, prise de médicaments, etc. Parfois, ils peuvent être purement mécaniques. Aussi, un bouchon de cérumen dans le canal auditif externe ou le blocage d'un osselet de l'oreille moyenne vont gêner la transmission de l'onde sonore à l'oreille interne. Les acouphènes n'indiquent toutefois que très rarement une maladie grave. Mais il est important de consulter très rapidement son médecin traitant, surtout après un traumatisme sonore suite à l'exposition à un bruit très fort.

Que faire pour limiter les acouphènes ?

Et ce qui est certain, c'est que les acouphènes perturbent les moindres activités du quotidien et qu'ils sont responsables de stress, voire de dépressions. Les acouphènes peuvent en effet empêcher de travailler, de sortir de chez soi... Bref, de mener une vie normale. Une situation d'autant plus compliquée que physiquement rien ne laisse entrevoir les difficultés rencontrées par les malades. Aussi, est-il parfois compliqué de faire comprendre aux autres ce que l'on vit au quotidien. Bien qu'il y ait des avancées dans le domaine de la recherche, il n'existe pas encore de traitement pour guérir les acouphènes. Ce qui explique que parmi les Français qui consultent, seulement la moitié se voit proposer une solution. Il existe en effet encore trop d'idées reçues sur cette pathologie, y compris du côté du corps médical. "Trop longtemps associés à des hallucinations auditives, ces acouphènes sont restés dans le domaine de la psychiatrie. Il fallait vivre avec, ne pas se laisser envahir", explique le professeur Jean-Luc Puel, président de l'association JNA. Néanmoins, les choses bougent. Ces symptômes font aujourd'hui partie des troubles de l'audition et ne sont plus considérés par le corps médical comme des pathologies psychiatriques. Votre médecin pourra vous orienter vers un confrère ORL, spécialiste de ces symptômes afin de vérifier que la survenue des acouphènes n'est pas associée à une perte auditive, et le cas échéant, il pourra vous inviter à réaliser une acouphénométrie pour mieux connaître la fréquence et l'intensité de votre acouphène. Il vous guidera également sur les actions à mettre en place pour ne pas être envahi par vos acouphènes ou votre hyperacousie

Pour "oublier" ses acouphènes, plusieurs techniques sont par ailleurs proposées :
- "noyer" l'acouphène sous un autre bruit (musique d'ambiance ou de relaxation par exemple),
- diffuser un "bruit blanc" dans l'oreille afin de masquer l'acouphène grâce à une sorte de prothèse auditive glissée dans l'oreille,
- la relaxation peut également aider à en faire abstraction (acupuncture, yoga, sophrologie, etc.),
- les thérapies avec un psychologue peuvent s'avérer bénéfiques (TCC).

Plus d'infos : n'hésitez pas à contacter l'Association France Acouphènes qui vous permettra de participer à des entretiens personnalisés ou à des groupes de paroles avec des bénévoles experts