La méchanceté au banc des accusés

Un thème universel

"Mais pourquoi est-il aussi méchant ?" : qui ne s'est jamais posé cette fameuse question face à un supérieur cassant, une amie sarcastique ou un ado cruel ? Car nous sommes tous, un jour ou l'autre, confrontés à la méchanceté. Pourtant, peu de psychologues, sociologues et autres chercheurs se sont penchés sur ce thème universel et intemporel. Aussi l'ouvrage de Michel Fize vient-il combler cette surprenante lacune.

Etre méchant, c'est tendance. Présentateurs télé et humoristes l'ont bien compris, faisant de la méchanceté leur fond de commerce. Dans les cours d'école, la méchanceté est de rigueur pour qui souhaite se faire respecter. De même, rien de tel qu'une réplique moqueuse pour se faire remarquer. Fort de ce constat, Michel Fize invite le lecteur à réfléchir sur cette banalisation de la méchanceté. Il décortique cette "volonté de faire du mal à l'autre", présente en chacun d'entre nous. D'où vient-elle ? Que cache-t-elle ? Est-elle naturelle ? Quel est son intérêt ? Autant de questions auxquelles le sociologue et historien tente d'apporter des réponses, pour démontrer que la méchanceté n'est pas un comportement qu'il faut encourager, bien au contraire.

Une attitude intentionnelle

Si le terme "méchant" nous rappelle nos jeux d'enfants - lorsque les gentils affrontaient les méchants - la méchanceté fait bien partie de notre vie d'adulte. C'est ce que s'attache à expliquer Michel Fize. Il évoque toutes les formes de méchanceté que nous rencontrons (ou manifestons) au quotidien, du racisme à l'intolérance en passant par les réflexions acerbes entre conjoints et les moqueries blessantes. Des attitudes destructrices, qui entraînent de la souffrance chez la victime, et parfois de la culpabilité du côté du bourreau.

	Mais qu'est-ce qui passe par la tête des méchants ?

Mettant en parallèle hommes et animaux, Michel Fize rappelle que la méchanceté est propre à l'être humain, puisqu'elle implique une réelle intention de nuire, donc une conscience. "Nul n'est méchant involontairement", assène-t-il, nous mettant face à nos responsabilités.

Mais l'auteur ne se contente pas de dresser un tableau noir de nos comportements, puisqu'il propose un dernier chapitre intitulé "Comment soigner la méchanceté ?". Au risque de paraître naïf, l'écrivain nous incite ici à combattre toute forme de méchanceté, pour valoriser et encourager la bonté. Car, si l'agressivité et la cruauté pourrissent la vie, la gentillesse et la générosité la rendent plus belle. L'amour, voilà le meilleur remède à la méchanceté. Et l'auteur d'oser imaginer un monde où les méchants deviendraient les gentils.

De nombreuses références

Michel Fize nous livre un essai construit et accessible, déroulant sa réflexion en toute logique, au fil de courts chapitres thématiques. Il porte un regard d'historien et de sociologue sur ce comportement ordinaire qu'est la méchanceté. Ainsi, il étaye son propos de nombreux exemples précis, empruntés à la philosophie, aux contes de fées ainsi qu'à notre héritage historique et culturel. De Cicéron à Blanche Neige en passant par Emmanuel Kant et Primo Levi, Michel Fize multiplie les références. Une documentation solide et pertinente, qui vient renforcer son discours. Par ailleurs, il étoffe son ouvrage de témoignages d'adultes et d'adolescents, dont l'authenticité interpelle le lecteur et le pousse à se remettre en question.

Voilà donc un ouvrage édifiant, que l'on recommandera à tous les idéalistes qui refusent de croire que la méchanceté est une fatalité.

» Le Journal des Femmes a aimé... l'abondance de références pertinentes

» Le Journal des Femmes a regretté... le manque de conseils, parfois frustrant

En savoir plus "Mais qu'est-ce qui passe par la tête des méchants ?", Editions de l'Homme, 192 pages, 18,85 euros. Consulter les libraires