Terreurs nocturnes : comment rassurer mon enfant ?

Terreurs nocturnes : comment rassurer mon enfant ?

Votre enfant crie, se dresse dans son lit et se promène parfois dans la pièce ? C'est peut-être une terreur nocturne. Explications avec Stephan Valentin, docteur en psychologie.

Qu'est-ce qu'une terreur nocturne ?

"Lorsqu’un enfant fait une terreur nocturne, il pousse tout à coup un cri strident, signe d’une panique et d’une forte angoisse, et il se dresse dans son lit", explique Stephan Valentin, docteur en psychologie et auteur du livre "Mon bébé fait enfin ses nuits… et moi aussi !". La peur se lit alors sur l’ensemble de son corps et de son visage. Dans la moitié des cas, l’enfant va même se lever et se promener dans sa chambre. Ses yeux sont ouverts et pourtant il ne voit pas, c’est la grande différence avec le cauchemar. Autre différence : les terreurs nocturnes se produisent en phase de sommeil profond et non plus au cours du sommeil paradoxal. Stephan Valentin affirme dans son ouvrage que si les parents accourent pour prendre l’enfant dans les bras comme ils le feraient quand il s’agit d’un cauchemar, il se débat souvent et les repousse. L’enfant peut d'ailleurs devenir plus nerveux suite à ce contact. Il est pourtant totalement endormi. Cet état dure entre cinq et quinze minutes. L’enfant redevient calme immédiatement après et ne se souvient de rien le lendemain. Spectaculaires, les terreurs nocturnes sont toutefois majoritairement inoffensives pour l’enfant.

Terreurs noctunes : à quel âge surviennent-elles ?

Survenant généralement en début de nuit en phase de sommeil profond avec un éveil partiel, les terreurs nocturnes peuvent être impressionnantes. Elles concernent jusqu'à 20 % des enfants âgés de 2 à 6 ans avec un pic vers l'âge de 5 ans. Les garçons seraient davantage touchés par ce phénomène. Parfois spectaculaires, ces troubles du sommeil perturbent autant l'enfant que les parents, souvent désemparés devant ces manifestations exacerbées d'angoisse.

A quoi sont dues les terreurs nocturnes ?

Manque de sommeil, maladies fiévreuses, événements excitants (voyages, fête d’anniversaire, entrée en maternelle, arrivée d’un nouveau bébé…), facteurs génétiques… Il semblerait que les terreurs nocturnes aient des origines diverses et variées. Le stress et les conflits relationnels peuvent également les provoquer, selon le psychologue.

Quand surviennent les terreurs nocturnes ?

Le sommeil se découpe en plusieurs grandes phases. Des phases de sommeil léger alternent avec des phases de sommeil dit lent et profond, suivies de la phase du sommeil dit paradoxal. C'est surtout pendant cette dernière phase que surviennent les cauchemars. L'activité musculaire est faible, le cerveau fonctionne à plein régime libérant des émotions parfois intenses. Tout ce que l'enfant a emmagasiné durant la journée comme informations, images, frustrations face à des apprentissages "douloureux" (le langage, la marche, la lecture...) vient nourrir un imaginaire qui prend parfois des formes effrayantes.

Terreurs nocturnes : que faire pour le rassurer, comment réagir ?

Il est tout d’abord important de conserver son calme, et cela même si la situation s’avère spectaculaire et peu rassurante. Il est par ailleurs préférable d’attendre la fin de l’épisode avant de réveiller l’enfant. Celui-ci peut en effet être confus et désorienté. Pour autant, rien ne vous empêche de le guider pour prévenir toutes blessures. Stephan Valentin conseille "de mettre des coussins autour de l’enfant pour éviter qu’il ne se blesse en se cognant au lit". Il en est de même s’il se promène dans la chambre. Il ne faut également pas hésiter à le guider. Il est ainsi préférable que les parents soient présents à chaque terreur nocturne. "L’enfant pourrait en effet se blesser s’il commence à se promener dans l’appartement. Il pourrait aussi se faire mal en donnant des coups autour de lui", assure Stephan Valentin. Ce dernier conseille par ailleurs de ne pas aborder ce qui s’est passé durant la nuit, les jours qui suivent la terreur nocturne. Cela pourrait en effet inquiéter l’enfant.

Pour le Dr Feblot, pédopsychiatre et psychothérapeute, si tous les enfants peuvent faire des terreurs nocturnes, certains sont plus prédisposés que d'autres à les expérimenter : les petits garçons, les enfants qui rencontrent des difficultés psychologiques ou ceux dont l'un des parents faisait lui-même des terreurs nocturnes. "Au moment de la terreur nocturne, il est important de ne pas réveiller l'enfant, de ne  pas le toucher (sauf en cas de danger immédiat bien sûr). On conseille parfois de ne même pas lui parler, mais certains enfants pourraient être apaisés par la voix douce. Si jamais l'enfant finit par se réveiller, l'idéal est qu'il ne se retrouve pas face à un  parent bouleversé au risque d'être alors perturbé par l'état émotionnel du parent. Il  pourra alors se rendormir facilement.", conseille la pédopsychiatre. Cette dernière recommande elle aussi de ne pas en parler avec l'enfant le lendemain, d'autant qu'il n'a aucun souvenir de l'événement. "On peut par contre échanger ou jouer avec lui pour tenter d'identifier si quelque chose de compliqué le tracasse ou le  perturbe dans sa vie actuelle", ajoute-t-elle.

Néanmoins vous pouvez lui proposer de se confier à vous un peu plus tard sur ses inquiétudes, ou lui proposer de faire un dessin, qui est un excellent moyen pour les enfants d'exorciser ses peurs, et pour les parents d'expliquer que tout cela n'a pas d'existence dans la réalité. 

Est-il possible de prévenir les terreurs nocturnes ?

"Pour prévenir ou éviter que les terreurs nocturnes se produisent trop souvent, il faut privilégier un rituel du coucher et une heure de coucher régulière." Stephan Valentin ajoute qu’il faut également éviter la télévision et les activités excitantes avant que l’enfant aille au lit. Pensez par ailleurs à bien aérer sa chambre. Si celui-ci présente des signes de fatigue, il n’est pas superflu de lui proposer de faire une sieste dans la journée. Tous ces paramètres vont créer une "stabilité et une régularité autour de l’enfant et propices à un sommeil calme". Aucun traitement médicamenteux ne peut être proposé chez l'enfant. Enfin, si les terreurs nocturnes s'installent sur une longue période ou qu'elles deviennent récurrentes, n'hésitez pas à en parler au pédiatre.

Stephan Valentin est l'auteur du livre "Mon bébé fait enfin ses nuits... et moi aussi !" aux Editions La Source Vive.

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