Enurésie nocturne chez l'enfant : causes, comment la soigner ?

L'énurésie nocturne est le terme médical pour désigner le fait de faire pipi inconsciemment quand on dort la nuit. Elle touche surtout les enfants entre 5 et 7 ans, plus rarement les adolescents. Primaire, secondaire, causes, traitements : explications de notre urologue. 

Enurésie nocturne chez l'enfant : causes, comment la soigner ?
© patarapong - 123RF

L'incontinence urinaire nocturne ou "énurésie" nocturne (c'est la même chose) n'est pas rare chez l'enfant. Toutefois, déculpabilisez-le et déculpabilisez-vous. "On considère qu'un enfant sur dix est énurétique nocturne entre 5 et 7 ans. A l'adolescence, ce chiffre chute à 2-3%" indique le Dr Ala Chebbi, chirurgien urologue et andrologue au Groupe Hospitalier Paris Saint-Joseph. Avec le temps et l'âge, ça s'arrange. Conseils.

Quelle est la définition de l'énurésie nocturne ?

L'énurésie nocturne désigne la miction involontaire et intermittente qui survient pendant le sommeil à partir de l'âge de 5 ans (le fameux "pipi au lit"). "Avant, on considère que l'enfant n'a pas acquis la propreté, le seuil a ainsi été établi à 5 ans", explique le Dr Ala Chebbi, urologue.

Qu'est-ce que l'énurésie primaire ?

L'énurésie nocturne primaire est la forme la plus fréquente d'énurésie. Il s'agit de l'énurésie qui survient chez l'enfant qui n'a pas eu de période de continence (propreté) pendant le sommeil d'au-moins 6 mois.

Qu'est-ce que l'énurésie secondaire ?

C'est l'énurésie qui survient après une période de continence (propreté) de 6 mois. "L'enfant est propre un temps et redevient énurétique. Dans ce cas-là, il faut s'assurer qu'il n'y ait pas une infection ou un autre trouble urinaire et donc consulter" conseille le Dr Chebbi.

"La part génétique est assez importante s'il y a des antécédents d'énurésie chez les parents"

Quelles sont les causes de l'énurésie nocturne chez l'enfant ?

"Chez l'enfant on ne parle pas de pathologie mais plutôt de variation de la normale" précise notre interlocuteur qui invite les parents à "rassurer les enfants quand ça leur arrive". Quatre mécanismes peuvent expliquer l'énurésie nocturne chez les petits (5-7 ans surtout) : 

  • un défaut de maturation du contrôle urinaire
  • un sommeil très (trop) profond qui fait que les enfants sont moins réveillés facilement par le signal de miction
  • une polyurie nocturne c'est-à-dire une quantité urinaire augmentée pendant la nuit à cause d'une baisse de sécrétion d'une hormone anti-diurétique (la vasopressine) fabriquée par l'hypothalamus et stockée dans l'hypophyse (glande à la base du cerveau).
  • une capacité fonctionnelle de la vessie diminuée déclenchant la miction plus facilement. 

Il y a par ailleurs "une part génétique assez importante dans l'énurésie nocturne de l'enfant, de l'ordre de 40 à 60% des cas s'il y a des antécédents d'énurésie chez un des deux parents ou les deux" ajoute le Dr Chebbi. Enfin, le médecin peut parfois rechercher un diabète de type 1 "quand les enfants ou adolescents deviennent secondairement énurétiques puisque ce diabète peut se manifester par une soif intense et des mictions importantes". Pour les adolescents qui souffrent d'énurésie nocturne (2 à 3%) il n'y a pas de causes spécifiques. 

Comment soigner l'énurésie chez l'enfant ?

"On commence par une réassurance, explique le Dr Chebbi. Il faut rassurer l'enfant et les parents sur le fait que ce n'est pas une pathologie et qu'avec l'âge et le temps, ça s'arrange. La motivation est aussi très importante." Concrètement, notre interlocuteur conseille déjà de :

Proposer à l'enfant de tenir un calendrier mictionnel dans lequel il va noter les nuits où il va avoir des mictions involontaires et les nuits où il est sec. Cela va le faire participer activement et le motiver. L'important est qu'il prenne conscience de ses progrès

Encourager l'enfant en lui disant par exemple "C'est très bien, cette nuit tu n'as pas fait pipi au lit", "Tu es loin d'être le seul enfant à avoir ça", "Ne t'inquiète pas, ça va passer". Surtout pas de culpabilisation.

Surtout pas de culpabilisation.

Mieux répartir les apports en eau et dire à l'enfant de ne plus boire à partir de 18h (ou le moins possible s'il a encore soif au dîner).

 Eviter les boissons excitantes pour la vessie comme le cola, les soupes aussi le soir et les aliments salés qui vont donner soif.

Rappeler à l'enfant d'aller uriner dans la journée, 5 à 6 fois.

Rappeler à l'enfant d'aller uriner le matin en se levant et le soir avant le coucher pour bien vider la vessie.

Si ces conseils ne fonctionnent pas, les parents peuvent essayer les culottes avec alarme. Le médecin peut aussi prescrire de la desmopressine (sur un temps limité). "La psychothérapie est indiquée en dernier recours quand il y a une souffrance chez l'enfant à cause des conséquences de l'énurésie au quotidien" précise notre interlocuteur. Elle peut aussi être indiquée quand l'énurésie est associée au TDAH (Trouble Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité).

Comment fonctionnent les culottes avec alarme chez l'enfant ?

Si les conseils dictés ci-dessus ne suffisent pas, il est possible de tester des culottes qui intègrent un capteur réactif à la présence de gouttes d'urine. Ce capteur envoie un signal sous la forme sonore ou vibratoire qui va réveiller l'enfant. "Ce système d'alarme est intéressant car il permet de réveiller l'enfant au début de la miction et lui permettre d'aller uriner à ce moment-là. C'est efficace dans 60 à 80% des cas sur une moyenne d'utilisation de 3 mois. Plus encore avec le soutien et la motivation de la famille" explique l'urologue. Le médecin peut indiquer aux parents quelles culottes choisir.

Quels sont les médicaments en cas d'énurésie nocturne chez l'enfant ?

Il s'agit de la desmopressine. C'est un médicament pris par voie orale sur une durée limitée, généralement de 3 mois. Il agit comme une hormone antidiurétique donc retient l'eau dans l'organisme. Il est particulièrement pratique quand l'enfant doit partir en vacances, en colonie par exemple.

Merci au Dr Ala Chebbi, Chirurgien Urologue et Andrologue au Groupe Hospitalier Paris Saint-Joseph.