Emphysème pulmonaire : symptômes, traitement, espérance de vie

Emphysème pulmonaire : symptômes, traitement, espérance de vie

L'emphysème pulmonaire est une affection qui débute souvent vers 50 ans (parfois avant) mais qu'on n'identifie pas de suite à cause de symptômes non pris au sérieux.

L'emphysème pulmonaire est une affection grave qui se caractérise par une destruction progressive des alvéoles pulmonaires. C'est une complication de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) qui touche 3,5 millions de Français. Le tabac étant la principale cause. L'emphysème est une pathologie qui débute le plus souvent insidieusement à partir de 50 ans.

Définition : c'est quoi un emphysème pulmonaire ?

L'emphysème pulmonaire désigne la distension des alvéoles pulmonaires avec destruction des parois alvéolaires des poumons. Il peut être localisé à une partie du poumon ou s'étendre à l'ensemble de l'appareil pulmonaire.  "Un emphysème peut être localisé à une partie du poumon ou diffus à l'ensemble de l'appareil pulmonaire, ponctuel ou plus souvent chronique faisant suite à de nombreuses pathologies pulmonaires comme une BPCO (broncho pneumopathie chronique obstructive), la tuberculose ou les expositions professionnelles", détaille le Dr Djamel Bennegadi, pneumologue. Il existe plusieurs types d'emphysèmes pulmonaires :

L'emphysème bulleux qui est caractérisé par la présence de bulles de différentes tailles et en nombre variable dans le poumon, ce qui diminue le volume d'échange des gaz entre les alvéoles et le sang.

► Au cours de l'emphysème centro-lobulaire, seules les alvéoles sont touchées dans un premier temps avec une destruction de la région centrale du lobule pulmonaire. L'emphysème centrolobulaire est le plus fréquent et touche les fumeurs, souvent en surpoids.

► Au cours de l'emphysème généralisé panlobulaire, les alvéoles et les vaisseaux sanguins sont touchés en même temps. L'emphysème panlobulaire est plus rare et touche les sujets plus jeunes, plus maigres parfois non fumeurs.

► Au cours de l'emphysème paralésionnel, les lésions se développent à proximité de cicatrices provoquées par une maladie antérieure. 

Quelle est la cause d'un emphysème pulmonaire ?

La BPCO liée au tabagisme chronique reste la première cause de l'emphysème. "Il peut également être la conséquence d'une exposition professionnelle ou domestique à des poussières ou des substances chimiques", explique le pneumologue. De même, la pollution peut également être responsable. 

  • Une affection chronique et respiratoire dans l'enfance peut aussi causer un emphysème.
  • L'emphysème peut être lié dans des situations rares à une anomalie génétique qui dérègle la proportion d'enzymes présents dans les poumons.
  • La tuberculose est également une cause.
  • Le tabagisme, surtout lorsqu'il s'est installé sur de très longues années, de 15 à 20 ans, est impliqué dans environ 85% des cas d'emphysème.

L'emphysème peut être un facteur de risque de cancer broncho-pulmonaire.

Tabac et emphysème pulmonaire

La principale cause de l'emphysème est le tabagisme.

→ Le tabac ou les substances chimiques détruisent progressivement les alvéoles et les vaisseaux sanguins des poumons

→ La distension des alvéoles ainsi provoquée empêche l'expiration de l'air qu'elles contiennent. Les alvéoles sont de très petites cavités qui ressemblent à des sacs situés à l'extrémité d'une bronchiole, correspondant aux ramifications les plus fines des bronches.Les échanges gazeux s'effectuent au niveau des alvéoles pulmonaires à travers la paroi alvéolaire par diffusion de l'oxygène et du gaz carbonique. Cela permet à l'air contenu dans l'alvéole de se charger en oxygène et à se débarrasser du gaz carbonique de façon à ce que le sang veineux qui est pauvre en oxygène (O2) et riche en gaz carbonique (CO2) se transforme en sang artériel plus riche en oxygène et plus pauvre en gaz carbonique. 

Schéma d'un emphysème pulmonaire
Schéma d'un emphysème pulmonaire © alila - 123RF

Quels sont les symptômes d'un emphysème pulmonaire ?

L'emphysème pulmonaire provoque peu de manifestations au début. Peu à peu, la maladie peut entraîner une insuffisance respiratoire chronique.

  • Le principal symptôme est une gêne respiratoire ressentie le plus souvent à l'effort et qui s'intensifie progressivement. Classiquement, la respiration est plus rapide et l'expiration est plus longue. Une légère gêne respiratoire, comme un essoufflement ou une dyspnée, apparaît peu à peu, essentiellement lors d'efforts pour devenir de plus en plus invalidante et survenir au repos.
  • Une pâleur accompagnée d'une fatigue et d'une perte de poids peuvent apparaître.
  • Dans les cas d'emphysèmes avancés, les alvéoles pulmonaires cessent de fonctionner normalement ce qui rend les échanges gazeux et l'oxygénation de l'organisme difficiles. On observe alors une cyanose des lèvres (elles deviennent bleues) et un affaiblissement physique complet dû à l'essoufflement.

Comment pose-t-on le diagnostic d'un emphysème pulmonaire ?

La radiographie pulmonaire met en évidence un thorax distendu avec une horizontalité des côtes et du diaphragme témoignant de la distension pulmonaire, une expiration longue et une inspiration peu amplifiée accompagnée de ronflements (ou râles) bronchiques.

Un scanner thoracique permet de visualiser la localisation exacte de l'emphysème ainsi que les lésions qui y sont associées.

Une Exploration fonctionnelle respiratoire, EFR, met en évidence un syndrome obstructif et une augmentation du Volume résiduel.

► Les gaz du sang, normaux au début de la maladie, retrouvent ensuite une anomalie d'échanges au niveau des poumons avec une augmentation de la quantité de gaz carbonique et une diminution de la quantité d'oxygène sanguin.

► Une scintigraphie peut également être recommandée.

On ne peut pas faire régresser la maladie une fois qu'elle s'est propagée

Quel est le traitement pour stopper l'emphysème pulmonaire ?

On ne peut pas faire régresser la maladie une fois qu'elle s'est propagée, mais on peut la ralentir et soulager les symptômes.

  1. La première mesure consiste à arrêter de fumer. C'est primordial pour que la maladie ne se propage pas en un temps record.
  2. Un traitement à base de broncho-dilatateurs est nécessaire pour augmenter le diamètre des bronches ainsi  que des corticostéroïdes (pour réduire l'inflammation), un peu comme dans le traitement de l'asthme.
  3. En cas de crise aiguë, il faudra peut-être avoir recours à de l'oxygène (masque ou lunettes nasales permettant d'insuffler de l'oxygène) et des nébulisations. C'est pourquoi quand on évoque l'emphysème, nous vient souvent l'image d'une personne attachée à sa bouteille d'oxygène, qu'il faut donc toujours avoir à portée de main.
  4. Il est complété par des séances de kinésithérapie respiratoire "La réhabilitation respiratoire permet de limiter l'essoufflement gênant avec prise en charge nutritionnelle, kinésithérapie respiratoire, etc.", souligne le spécialiste.

Quand envisager une opération en cas d'emphysème pulmonaire ?

"En cas d'insuffisance respiratoire grave, une transplantation pulmonaire peut être tentée selon le bilan fonctionnel pré-greffe", ajoute le Dr Bennegadi. La chirurgie peut être utilisée pour réduire le volume des poumons, qui ont pris trop de place dans la cage thoracique à cause de la distension des alvéoles et ne peuvent donc plus se déployer pour bien respirer. L'ultime recours, c'est la greffe de poumon si les conditions cliniques et fonctionnelles le permettent. Heureusement, il est rarement nécessaire d'en arriver là. 

Quelle prévention pour limiter le risque d'emphysème pulmonaire ?

Pour prévenir l'emphysème pulmonaire, il faut rompre définitivement avec le tabac. L'idéal, pour se protéger, est de ne pas commencer à fumer, le tabagisme étant le premier responsable de l'emphysème. De plus, il est nécessaire de prévenir l'exposition professionnelle à certaines substances chimiques.

Quelle est l'espérance de vie avec un emphysème pulmonaire ?

On estime que l'espérance de vie pour un emphysème pulmonaire se situe aux alentours de 48 ans pour les patients fumeurs et de 67 ans pour les non-fumeurs.

Merci au Dr Djamel Bennegadi, pneumologue au CHU de Melun (Seine-et-Marne).