Trouble obsessionnel compulsif : cause, signe, liste des TOC

Un TOC est un trouble obsessionnel compulsif. Pas si rare car il concernerait 3% de la population. Comment savoir si on a des TOC ? Est-ce une maladie mentale ? Quelles sont les causes et comment les soigner ?

Trouble obsessionnel compulsif : cause, signe, liste des TOC
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TOC est l'acronyme de troubles obsessionnels compulsifs, qui sont des comportements ou obsessions répétitifs, compulsifs et irraisonnés. 2 à 3% de la population serait concernée en France, rapporte l'INSERM. Ce qui en fait la 4e maladie psychiatrique la plus fréquente après les phobies, les addictions et les troubles dépressifs. Quels sont les exemples de TOC ? Est-ce une maladie mentale ? Comment savoir si on a un TOC ? Quels signes ? Quel test pour le diagnostiquer ? Comment le soigner ? En voyant un psychiatre ? Un psychologue ? Avec des médicaments ?

Définition : c'est quoi un trouble obsessionnel compulsif (TOC) ?

Le trouble obsessionnel compulsif - ou le TOC - se caractérise par des comportements répétitifs et des pensées obsédantes. "C'est l'association de ruminations mentales dont on ne peut pas se débarrasser – et qui souvent paraissent absurdes pour la personne qui en souffre - et de comportements répétitifs et irraisonnés", explique le Dr Dominique Servant. Concrètement, la personne qui souffre de TOC est envahie d'obsessions ou de pensées récurrentes qui sont souvent centrées sur l'ordre, la propreté, l'alignement, la symétrie, ou des rituels de rangement ou de vérification (vérifier que la porte est fermée, vérifier que chaque objet est à sa place...). 

Quelle est la cause d'un TOC ?

Comme beaucoup de troubles psychiques, les TOC résultent de l'interaction de plusieurs facteurs biologiques, environnementaux et sociaux. Les récents progrès de l'imagerie cérébrale et le développement de modèles animaux ont permis de mieux comprendre les mécanismes qui sous-tendent le TOC. Il a été démontré que différents circuits cérébraux sont perturbés dans cette maladie, peut-on lire sur le site de l'Inserm. Deux pistes biologiques sont aujourd'hui avancées par les spécialistes :

Un dysfonctionnement des systèmes de neurotransmetteurs. "Il a été montré que les patients souffrant de TOC auraient des zones du cerveau déficientes en neurotransmetteurs, notamment en sérotonine", précise le Dr Chapelle.

► Une perturbation fonctionnelle du cerveau au niveau des ganglions de la base, impliqués dans le comportement et les habitudes, ou encore dans le cortex cingulaire antérieur et le cortex orbito-frontal, qui ont un rôle dans les émotions et le raisonnement.

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Mécanisme des TOC © VectorMine - stock.adobe.com

Est-ce que le TOC est une maladie mentale ?

Oui, le TOC fait partie des maladies mentales ou troubles mentaux. Il s'agit de la 4e maladie psychiatrique en France, après les phobies, les addictions et les troubles dépressifs, rapporte l'INSERM.

Quels sont les symptômes d'un TOC ?

Le patient qui souffre de TOC a conscience du caractère idiot ou inapproprié de ses pensées obsédantes.

Le TOC se distingue du trouble anxieux par le fait que les pensées obsédantes et les rituels ne sont ni cohérents, ni utiles pour la personne. "En général, le patient qui souffre de TOC a conscience du caractère idiot ou inapproprié de ses pensées obsédantes. Ce qui est d'autant plus source d'angoisse et de malaise, explique le Dr. Dominique Servant. Les compulsions se déclenchent pour soulager cette anxiété liée à l'obsession. Par exemple : l'idée que nous n'avons pas fermé la porte sera soulagée par le fait de vérifier que nous l'avions effectivement bien fermée". Les obsessions tournent souvent autour de la peur de la contamination ; du besoin de symétrie et d'exactitude ou encore des doutes répétés et se manifestent par des compulsions de vérification (vérifier plusieurs fois que la lumière est éteinte, que la porte est fermée) ; des rituels de lavage ou de comptage. On parle de TOC, quand ces troubles durent au moins une heure par jour et ont un retentissement négatif important sur la vie sociale du patient.

Exemples de TOC : la liste pour mieux comprendre

Il est communément admis de classer les TOC en fonction de l'obsession :

► Les obsessions phobiques : l'obsession la plus fréquente est la peur d'être sali ou infecté par des microbes. Le rituel correspondant est un nettoyage et un lavage excessifs.

► Les obsessions d'erreur : c'est la crainte permanente et obsédante d'avoir oublié de faire quelque chose et/ou de l'avoir mal fait. La compulsion s'exprime par une vérification systématique et excessive (fermer la porte, la fenêtre, le gaz, etc.).

► Les obsessions d'impulsivité : les personnes touchées ont peur de commettre un acte malveillant, voire criminel, de façon non intentionnelle. "La personne se dit par exemple que si elle pense à un malheur, il va se produire. Pour "conjurer" le sort, un rituel de pensées ou de phrases magiques permettent d'apaiser cette angoisse", explique Frédéric Chapelle, médecin psychiatre et président de l'Association française de thérapie comportementale et cognitive.

► Les obsessions de collection : ici, la personne va chercher à entasser et accumuler des objets sans valeur particulière mais surtout, sans le plaisir propre au collectionneur.

Quels sont les profils à risque d'avoir des TOC ?

"Il y a souvent une vulnérabilité, précise le psychiatre. Les personnes qui ont des traits anxieux comme l'hyperémotivité, le perfectionnisme, l'inquiétude, l'hypercontrôle ou l'introversion seront peut-être plus disposées à développer des TOC". Les femmes sont autant touchées que les hommes, mais les troubles précoces semblent plus fréquents chez les garçons que chez les filles. Les symptômes apparaissent le plus souvent dans l'enfance ou au début de l'âge adulte : environ un quart des cas de TOC se révèlent avant 14 ans, 65% avant 25 ans et seulement 15% après 35 ans. 

Quand s'inquiéter en cas de TOC ?

Il faut s'inquiéter quand les troubles commencent à affecter sévèrement la vie de la personne. "Lorsque les troubles deviennent gênants dans la scolarité ou le travail, cela peut valoir le coup d'aller plus loin et de consulter un médecin", confirme le Dr Dominique Servant.

Qui consulter en cas de TOC ? Un psychiatre ? Un psychologue ?

En première intention, il est utile d'en parler avec un médecin généraliste (votre médecin traitant par exemple) qui orientera ensuite le patient vers un psychiatre ou un psychologue. Dans certains cas très rares, de petites tumeurs cérébrales peuvent être masquées par des TOC, il est donc essentiel de voir s'il n'y a pas d'autres symptômes associés.

Quel test pour diagnostiquer des TOC ?

Le diagnostic de TOC consiste en un examen clinique  réalisé par un psychologue, un médecin généraliste ou un psychiatre. Cet examen se fonde sur des critères internationaux bien définis, en fonction de l'échelle d'obsession-compulsion de Yale-Brown (Y‑BOCS) ou la Children's Yale Brown Obsessive Compulsive Scale (CY-BOCS) pour les enfants. Ces échelles prennent en compte la durée quotidienne des obsessions et compulsions, la gêne et l'anxiété associés à ces symptômes, la volonté et la capacité du patient à résister aux obsessions et compulsions. Une évaluation des symptômes de la dépression et de l'anxiété est souvent proposée en complément, ainsi qu'une évaluation psychiatrique globale qui permet de détecter d'autres troubles psychiatriques éventuellement associés. 

Traitement : comment soigner un TOC ?

Le TOC est chronique et ne guérit généralement pas tout seul. Les deux traitements de première intention sont généralement :

  • la thérapie comportementale et cognitive (TCC). "Les thérapies comportementales cognitives qui apprennent aux patients à réduire les rituels en s'exposant et à prendre de la distance par rapport aux obsessions sont très efficaces pour soigner les TOC", conclut le Dr Servant. 
  • et/ou l'utilisation d'inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS) comme l'escitalopram, la fluoxetine, la sertraline... dans les formes les plus intenses

Quels sont les médicaments pour combattre les TOC ?

"Plus la prise en charge est précoce, plus les chances de réponse favorable aux traitements est grande, indique le psychiatre. Généralement, les antidépresseurs sont les principaux médicaments utilisés et ils seraient efficaces dans la plupart des cas. Cela ne signifie pas pour autant que le TOC est  "guéri" mais au moins que les symptômes ont diminué en intensité. Deux types d'antidépresseurs sont utilisés : certains inhibiteurs de la capture de sérotonine (la déficience en concentration sérotoninergique dans la transmission nerveuse serait une des causes des TOC) et un antidépresseur imipraminique. "Le dosage des médicaments peut être particulièrement élevé mais c'est pour le bénéfice du patient avant tout, précise Frédéric Chapelle. Il ne faut pas non plus que le patient s'attende à guérir en 15 jours comme c'est le cas avec les antibiotiques. Là, il faut que le traitement soit suivi scrupuleusement durant 2 mois au minimum. De manière générale, on établit le rapport bénéfice/risque pour savoir quel est le traitement le mieux adapté au patient."

Les TOC font-ils partie du DSM-5 ?

Oui, le DSM-5 (DSM 5 ; APA et al., 2015) définit les critères du trouble obsessionnel-compulsif. 

Quelle différence entre un TOC et un TIC ?

Un TIC est un mouvement répétitif et incontrôlable du corps résultant de la contraction d'un ou de plusieurs groupes musculaires. Par exemple, un clignement des yeux, un roulement des épaules, un mouvement brusque du corps. Contrairement aux TOC, les tics ne sont pas associés à une idée obsédante ou à des compulsions.

Merci au Dr Dominique Servant, médecin psychiatre, responsable de l'unité Stress et anxiété au CHU de Lille et auteur de Se libérer de l'anxiété et des phobies en 100 questions et Frédéric Chapelle, médecin psychiatre et président de l'Association française de thérapie comportementale et cognitive