Trouble bipolaire : définition, causes, symptômes, traitements

Trouble bipolaire : définition, causes, symptômes, traitements

La bipolarité est une maladie associée à des changements d'humeur. Elle peut avoir de graves conséquences.

Selon la Haute Autorité de Santé, 1 à 3% de personnes seraient bipolaires en France. La bipolarité est une maladie psychiatrique longue à diagnostiquer qui se caractérise par des troubles chroniques de l'humeur. Invité dans l'émission PAF sur C8 le 14 septembre 2023 à l'occasion de la sortie de son livre "Je reviens de loin", Sylvain Augier, bipolaire de type 1 diagnostiqué à l'âge de 35 ans, a expliqué que la maladie était chez lui "génétique. Mon père et mon grand-père étaient bipolaires". Une maladie lourde à affronter : "Le grand danger de la maladie bipolaire c'est quand on est en dépression c'est suicidaire, on pense qu'à une seule chose, c'est disparaître". Lui-même a déjà failli passé l'acte : "J'ai pensé que je ne m'en sortirais pas, j'ai placé ma vie devant un TGV, me disant qu'il valait mieux en finir tout de suite, pour échapper à cette douleur insupportable". Mais en pensant à ses proches, ses enfants notamment, il s'est accroché à la vie.

Qu'est-ce qu'un trouble bipolaire ?

Le trouble bipolaire est un trouble récurrent de l'humeur alternant des phases d'expansion de l'humeur avec une augmentation de l'énergie et des activités (manie ou hypomanie), et des baisses de l'humeur (dépression), avec des intervalles libres plus ou moins longs. C'est une maladie psychiatrique sévère qui peut conduire au suicide, rappelle le HAS.

Les troubles bipolaires de type 1 sont caractérisés par la présence d'au moins un épisode maniaque ou mixte.

Les troubles bipolaires de type 2 sont caractérisés par la survenue d'un ou de plusieurs épisodes dépressifs majeurs et d'au moins un épisode d'hypomanie.

Quels sont les symptômes d'une personne bipolarité ?

Les troubles bipolaires se manifestent par un trouble chronique de l'humeur avec alternance de phases euphoriques, parfois même délirantes, et de phases de dépression. La psychologue Marine Bienaimé précise toutefois que "ces épisodes pathologiques étant entrecoupés par des périodes où l'humeur est normale". Ces états, poussés à l'extrême, peuvent produire des délires et des hallucinations voire un comportement dangereux parfois pouvant conduire à hospitalisation sous contrainte. 

► Les symptômes de la phase dépressive sont notamment :

  • une profonde tristesse,
  • un désespoir
  • un manque d'envie,
  • une perte de l'élan vital
  • un ralentissement psychique et moteur.
  • une culpabilité ou dépréciation
  • un repli sur soi pouvant aller jusqu'à des idées suicidaires.

► Ceux d'une phase maniaque sont notamment :

  • l'euphorie,
  • l'exaltation de l'humeur,
  • l'excitation psychomotrice (projets multiples, désinhibition, présentation extravagante, flux de paroles (logorrhée),
  • fuite des idées,
  • insomnie sans sentiment de fatigue

Le maniaque ne s'arrête jamais. Il fait preuve d'un optimisme débordant, d'un sentiment de toute puissance et d'une désinhibition. On assiste ainsi à une accélération du fonctionnement psychique, accompagnée d'un délire parfois et d'un risque de mise en danger. En phase maniaque, le sujet est dans le déni de ses troubles et, après un épisode maniaque, il peut même éprouver une certaine nostalgie d'une période durant laquelle tout semblait possible. Il est fréquent qu'après l'épisode maniaque apparaisse une phase dépressive.

Quels sont les facteurs de risque de la bipolarité ? Une maladie génétique ?

Sur cette question, Marine Bienaimé précise que "les facteurs génétiques sont parfois évoqués, au moins dans certains cas où plusieurs membres d'une même famille sont touchés. Mais aucune étude génétique n'a à ce jour fait de lien direct et le poids psychique transgénérationnel est un facteur qui ne doit pas être négligé".

Comment pose-t-on le diagnostic de la bipolarité ?

Les troubles bipolaires sont diagnostiqués grâce à une enquête au cours de laquelle le psychiatre mesure la durée des phases d'exaltation et des phases de dépression. Il s'agira aussi de prendre en compte les antécédents familiaux et l'environnement dans lequel le patient évolue. L'interrogatoire de l'entourage est très informateur, la personne atteinte étant rarement consciente de son trouble. Le diagnostic est souvent difficile et long entraînant une prise en charge tardive des personnes atteintes de troubles bipolaires. Il s'écoulerait en moyenne une dizaine d'années entre les premiers symptômes et la prescription d'un traitement adapté, situation augmentant le risque de complications.

Existe-t-il des tests ?

Aucun examen biologique ou d'imagerie, en l'absence de point d'appel clinique ou de test génétique, n'est, à l'heure actuelle, utile pour porter un diagnostic.

Dépression ou troubles bipolaires ?

Il faut faire la différence entre des troubles bipolaires et un épisode dépressif, qu'il soit isolé ou récurrent car la prise en charge est différente. Lors d'un trouble bipolaire, il existe une rupture avec le fonctionnement psychique antérieur avec un caractère épisodique des manifestations. Il est également indispensable d'évaluer les risques suicidaires. Les adolescents souffrant d'un épisode dépressif et présentant un antécédent familial de trouble bipolaire nécessitent une surveillance.

Traitement : que faire en cas de bipolarité ?

Marine Bienaimé explique que "médicaments et psychothérapie sont complémentaires. Il peut s'agir d'une thérapie comportementale ou cognitive, d'une psychothérapie mais aussi d'une thérapie familiale ou conjugale en raison de l'impact de la maladie sur l'entourage". La psychologue insiste sur "l'importance d'une bonne alliance thérapeutique et d'une observance du traitement au long cours ainsi qu'une bonne hygiène de vie". Le succès de la prise en charge passe également par une éducation thérapeutique afin que la personne reconnaisse les signes avant-coureurs. Sur le plan médicamenteux, une fois le diagnostic posé, le traitement est souvent prescrit sur de très longues périodes. Les molécules les plus couramment utilisées sont des sels de lithium, des neuroleptiques et des médicaments antiépileptiques.

Complication : prévenir le suicide

L'avis d'un psychiatre est indispensable lorsque le diagnostic de troubles bipolaires est envisagé afin de le confirmer et de mettre en place une prise en charge la plus adaptée. Une hospitalisation est parfois envisagée avant l'orientation vers un psychiatre, par exemple lors d'un épisode maniaque ou mixte présentant des critères de gravité ou d'un risque de suicide.

Merci à Marine Bienaimé, psychologue. / Haute Autorité de Santé.