Hépatite C : symptômes, traitements, contagion

Hépatite C : symptômes, traitements, contagion

L'hépatite C chronique concernerait presque 200 000 personnes en France. Cette maladie du foie d'origine virale reste longtemps silencieuse, voilà pourquoi une personne sur trois ignore qu'elle est infectée. Le point sur les symptômes, le mode de contagion, les traitements et les chances de guérison.

Définition : c'est quoi l'hépatite C ?

L'hépatite C est une maladie du foie causée par un agent infectieux de la famille des flavivirus. Il se transmet la plupart du temps par voie sanguine, et plus rarement par voie sexuelle et périnatale. L'infection se caractérise par une inflammation aiguë du foie, l'hépatite. Elle n'est pas forcément symptomatique. "L'hépatite C peut guérir spontanément dans environ 10 à 20% des cas - on parle alors d'une simple hépatite aiguë – mais la particularité de ce virus est d'évoluer dans le plus grand nombre de cas vers une hépatite chronique pouvant à son tour évoluer vers une cirrhose ou un cancer hépatique", explique le Dr Marion Lagneau gastro-entérologue.

Causes : pourquoi peut-on l'attraper ?

L'hépatite C est provoquée par un virus (VHC ou virus de l'hépatite C). Ce virus est "à transmission hématogène", c'est-à-dire qu'il est transmis par le sang. L'infection est susceptible d'intervenir lors de l'injection de drogues, de soins à risque ou à l'occasion de pratiques sexuelles entraînant une exposition au sang. Le VHC peut aussi se propager par voie sexuelle et être transmis par une mère infectée à son nouveau-né, même si ces modes de transmission sont plus rares.

Symptômes

Dans 80% des cas, le malade ne présente aucun symptôme au moment de la contamination. Dans 20% des cas, l'infection se manifeste par une phase initiale avec fatigue, fièvre, douleurs articulaires et musculaires diffuses, maux de tête et signes digestifs parfois (douleurs abdominales, nausées), suivie d'une phase ictérique (teint jaunâtre de la peau, urines foncées et selles claires). Généralement asymptomatique durant des années, l'hépatite C chronique est la plupart du temps diagnostiquée tardivement, alors qu'elle a commencé à affecter la santé du foie. Les cellules hépatiques infectées sont petit à petit remplacées par un tissu cicatriciel fibreux, on parle de fibrose.

Evolution et guérison

  • Après infection, 1 à 2 personnes sur 10 en moyenne guérissent
  • 8 à 9 sur 10 développent une infection chronique.
  • Chez 10 à 20% des patients atteints d'hépatite C chronique, la fibrose évolue en cirrhose. La cirrhose en elle-même ne génère aucun symptôme. "La découverte se fait alors quand survient la complication : hémorragies du tube digestif, œdèmes, ascite, pathologies cardiaques, diabète" précise la gastro-entérologue.
  • 1 à 5% de ces patients atteint de cirrhose développent un cancer du foie.

Contagion et transmission : comment se transmet le virus de l'hépatite C ?

La transmission du virus se fait :

  • par la consommation de drogues injectables avec partage du matériel d'injection.
  • par la réutilisation ou stérilisation incomplète du matériel médical, en particulier des seringues et des aiguilles, en milieu de soins.
  • par la transfusion de sang et de produits sanguins n'ayant pas fait l'objet d'un dépistage.
  • par la pratique d'actes sexuels entraînant une exposition à du sang.

Diagnostic : le dépistage de l'hépatite C

Le dépistage de l'hépatite C s'effectue en pratiquant une sérologie sanguine avec test de détection des anticorps anti-VHC. La présence de ces anticorps témoigne d'un contact avec le virus de l'hépatite C. La HAS (Haute autorité de Santé) recommande, pour confirmer le diagnostic, d'une part un second test de recherche d'anticorps, d'autre part une deuxième prise de sang visant à détecter l'ARN du virus de l'hépatite C. Comme l'explique le Dr Lagneau "Les anticorps antiVHC positifs témoignent d'un contact antérieur avec le virus, mais ne prouvent pas que la personne est toujours porteuse du virus actif puisque la sérologie du VHC reste positive indéfiniment, même après guérison". D'où l'utilité du second test, qui recherche la présence de VHC circulant (dosage ARN du VHC) et témoigne de l'évolutivité du virus.

  • "Si le résultat de l'ARN est plusieurs fois de suite négatif, cela signifie que la personne a spontanément éliminé le virus et n'en est donc plus porteuse : elle est ainsi considérée comme guérie" ajoute la spécialiste.
  • Si la recherche de l'ARN du virus de l'hépatite C est positive, la personne est porteuse du virus et doit être prise en charge.  La quantité de virus circulant peut alors être mesurée (la charge virale). "Plus elle est élevée, plus il y a de virus actif, plus le risque est important pour le foie", ajoute la gastro-entérologue.

Attention : les normes diffèrent selon les techniques utilisées par les laboratoires. Sachez que les résultats ne constituent pas à eux seuls un diagnostic. Il est donc important de consulter un médecin, afin de prévoir avec lui des examens complémentaires ou un éventuel traitement.

Un bilan médical est alors conseillé afin d'évaluer les dommages du foie : dosage des enzymes hépatiques, biopsie ou élastométrie.

Complications

Dans 80 à 90 % des cas, en l'absence de traitement, l'hépatite C évolue vers la chronicité. Avec le temps, l'hépatite chronique évolue silencieusement dans 10 à 20 % des cas vers une cirrhose. Celle-ci peut s'aggraver en un cancer du foie dans 1 à 5% des cas.

L'hépatite C chronique est aujourd'hui la seule maladie virale chronique à pouvoir être guérie.

Traitement

La question du traitement de l'hépatite C aiguë se pose rarement, car elle est exceptionnellement reconnue à ce stade. Le traitement fait appel à l'interféron alpha trois fois par semaine pendant plusieurs mois.

Depuis 2014, de nouveaux traitements (une nouvelle génération de médicaments) les Antiviraux d'Action Direct (AAD), ont été développés et commercialisés. Il en existe trois types, dont la prescription est adaptée au caractère du virus infectant, et à l'atteinte hépatique du patient. Leur efficacité est de l'ordre de 95%,  l'utilisation est facile - une prise quotidienne par voie orale pendant 12 semaines maximum- et la tolérance est bonne. Ils permettent en effet de guérir la quasi-totalité des malades, en un temps record (3 à 6 mois) et sans effets secondaires. Grâce à ces nouveaux traitements, L'hépatite C chronique est aujourd'hui la seule maladie virale chronique à pouvoir être guérie.

Prévention

  • Les transfusions sanguines doivent être effectuées dans des conditions sanitaires sécurisées, afin d'éviter la propagation de ce genre d'affection. En médecine, les seringues sont à usage unique.
  • Afin de se protéger contre l'hépatite C, il est important que les toxicomanes utilisent des seringues à usage unique, ce qui permet de réduire la transmission du virus. Et
  • "Il est surtout important d'être dépisté, notamment si l'on fait partie des personnes à risque, car la maladie est silencieuse et peut détériorer gravement le foie", insiste le Dr Lagneau. Grâce au dépistage, un traitement précoce et efficace est rapidement mis en place, et stoppe l'évolutivité du virus.

Vaccin

Contrairement aux hépatites A et B, il n'existe aujourd'hui aucun vaccin contre l'hépatite C. Les recherches se poursuivent depuis de nombreuses années.

Merci au Dr Marion Lagneau gastro-entérologue.