Insuffisance cardiaque : les 4 symptômes à repérer (EPOF)

Essouflement, prise de poids... Connaissez-vous les signes de l'insuffisance cardiaque ? Cette grave atteinte du coeur serait responsable d'un décès toutes les 7 minutes en France. Elle impose une prise en charge médicale.

Insuffisance cardiaque : les 4 symptômes à repérer (EPOF)
© 123rf

Souvent ignorée, l'insuffisance cardiaque toucherait pourtant 1,5 millions de Français. 400 000 à 700 000 personnes en souffriraient aussi sans le savoir. Ce dysfonctionnement du coeur serait responsable d'un décès toutes les 7 minutes en France. Définition, symptômes, causes, dangers, espérance de vie... Découverte de l'insuffisance cardiaque avec le Dr Stéphane Boulé, cardiologue. 

Définition : qu'est-ce que l'insuffisance cardiaque ?

L'insuffisance cardiaque est une incapacité du cœur à pomper une quantité de sang suffisante pour assurer un débit sanguin satisfaisant au niveau de l'ensemble du corps. Dans l'insuffisance cardiaque, le sang circule moins bien et a tendance à stagner. L'évolution de l'insuffisance cardiaque est chronique et progressive.  L'insuffisance cardiaque peut toucher qu'une partie du cœur, où l'ensemble.

Les 4 symptômes de l'insuffisance cardiaque

"Un acronyme permet de se rappeler des symptômes. C'est EPOF : Essoufflement, Prise de Poids, Œdèmes, Fatigue", liste le Dr Stéphane Boulé, cardiologue spécialisé dans la prise en charge des anomalies du rythme cardiaque et membre de la Fédération Française de Cardiologie.

  1. L'essoufflement et des difficultés à respirer. Généralement, la maladie se manifeste par une difficulté à respirer liée à l'engorgement de sang dans les poumons, ressentie comme un simple inconfort respiratoire. Ensuite, un véritable essoufflement à l'effort arrive et peut s'aggraver en se manifestant même au repos.
  2. Une prise de poids rapide et inhabituelle de l'ordre d'un kilo par jour.
  3. Le gonflement de certaines parties du corps (foie, veines du cou, jambes).
  4. La fatigue, ressentie même pour de petits efforts 

D'autres signes peuvent alerter, comme la toux, des palpitations, une baisse de tension, ainsi que des troubles digestifs.

Photo du coeur
Anatomie du coeur humain © 123rf

Quelle est l'espérance de vie avec une insuffisance cardiaque ?

L'insuffisance cardiaque est une maladie chronique qui représente en France 70 000 décès par an (dont 55% de femmes) et 160 000 hospitalisations, selon Santé Publique France. 65% des personnes qui décèdent d'insuffisance cardiaque ont 85 ans ou plus. Le nombre de décès pour lesquels la cause initiale notifiée est l'insuffisance cardiaque a diminué de 20 % entre 1990 et 2008, probablement du fait de l'amélioration de la prise en charge thérapeutique. Selon l'Institut Pasteur de Lille, l'espérance de vie à 5 ans en cas d'insuffisance cardiaque est de 50%.

Qu'est-ce qu'une insuffisance cardiaque gauche ?

L'insuffisance cardiaque peut ne toucher qu'une partie du cœur, ou l'ensemble de celui-ci : on parle d'insuffisance cardiaque gauche ou droite, ou d'insuffisance cardiaque globale. En fonction de la partie touchée, les symptômes changent légèrement, mais l'évolution d'une insuffisance cardiaque se fait le plus souvent vers une atteinte globale. L'insuffisance cardiaque gauche est l'incapacité du ventricule gauche à apporter un débit sanguin suffisant pour remplir les besoins de l'organisme. Elle se caractérise par des difficultés respiratoires avec une accumulation de fluides dans les poumons.

Qu'est-ce qu'une insuffisance cardiaque droite ?

L'insuffisance cardiaque droite se définit par une faiblesse du ventricule droit qui peine à pomper le sang et se traduit par l'accumulation de liquide dans les jambes et les chevilles, un gonflement du ventre, des sensations de lourdeur et des problèmes digestifs et hépatiques.

Quelle est la cause d'une insuffisance cardiaque ?

Les principales causes d'insuffisance cardiaque sont : 

  • l'infarctus du myocarde qui crée une lésion irréversible d'une partie du muscle cardiaque et ne permet plus au cœur de fonctionner normalement.
  • l'hypertension artérielle (c'est-à-dire une tension artérielle trop élevée) mal contrôlée par un traitement adapté fatigue le cœur.
  • l'angine de poitrine
  • les atteintes des valves cardiaques,
  • certains troubles du rythme cardiaque (notamment la fibrillation atriale)
  • des causes génétiques (héréditaires),
  • des causes infectieuses (myocardites)
  • des causes toxiques (consommation d'alcool) 

Quels sont les facteurs de risque d'une insuffisance cardiaque ?

L'insuffisance cardiaque peut se révéler à tous les âges de la vie. Certaines personnes sont plus à risque que d'autres, comme par exemple :

  • celles qui présentent une maladie des artères coronaires
  • celles qui présentent des troubles du rythme cardiaque
  • celles qui sont nées avec une malformation cardiaque congénitale
  • celles qui sont atteintes d'une maladie chronique pulmonaire. 

Comment pose-t-on le diagnostic d'une insuffisance cardiaque ?

Une insuffisance cardiaque peut être suspectée d'une part suite à l'interrogatoire et le recueil des différentes pathologies rencontrées par le patient au cours de sa vie et d'autre part sur l'examen clinique permettant de retrouver ces différents signes. Le diagnostic est confirmé grâce à de nombreux examens qui ont également un rôle dans la recherche de la cause de la maladie :

  • l'électrocardiogramme
  • la radiographie du poumon
  • les examens biologiques
  • surtout l'échographie doppler du cœur

Quel est le traitement d'une insuffisance cardiaque ?

Pour traiter l'insuffisance cardiaque, on va s'intéresser à corriger ses facteurs favorisants ou déclenchants : la maladie causale doit être prise en charge de façon optimale pour tenter de ralentir l'évolution de l'insuffisance cardiaque. On procédera ensuite au traitement spécifique de l'insuffisance cardiaque. 

► Dans un premier temps, il est important de respecter certaines règles d'hygiène de vie. "Pour éviter la survenue de signes de rétention d'eau, il est conseillé de suivre un régime pauvre en sel ; il est également recommandé de pratiquer une activité physique quotidienne" informe le Dr Stéphane Boulé, cardiologue spécialisé dans la prise en charge des anomalies du rythme cardiaque et membre de la Fédération Française de Cardiologie. De plus, le poids doit être surveillé régulièrement.

► Envisager la pose d'un défibrillateur. "Le défibrillateur automatique implantable (DAI) est indiqué quand la force du cœur reste basse en dépit du traitement de la cause de l'insuffisance cardiaque et d'un traitement médical optimal : il s'agit alors d'une situation à risque de mort subite, liée à des troubles du rythme cardiaques graves (troubles du rythme "ventriculaires"), de survenue brutale et imprévisible", détaille le Dr Boulé. Avant d'expliquer : "Il peut donc être envisagé l'implantation d'un défibrillateur pour éviter la survenue d'une mort subite. Il s'agit d'un petit boitier mis en place sous la peau, relié à une sonde surveillant en permanence le rythme cardiaque." En cas de survenue d'un emballement grave du cœur, l'appareil restaure automatiquement le rythme cardiaque normal, et évite ainsi la survenue d'un décès subit. Par ailleurs, le gilet défibrillateur (LifeVest) s'impose si le risque de mort subite est transitoire. Dans ce cas, un gilet défibrillateur est mis en place pendant quelques semaines, le temps d'attendre la récupération de la force du cœur et de juger de la nécessité ou non d'implanter un DAI.

► La resynchronisation cardiaque. C'est un traitement permettant aux deux ventricules de se contracter de façon simultanée, et d'améliorer ainsi le débit cardiaque. Il est généralement couplé à l'implantation d'un défibrillateur. 

► L'assistance circulatoire. Un quatrième traitement existe : l'assistance circulatoire. L'assistance circulatoire désigne un appareil implanté permettant de suppléer, en partie ou en totalité, à la fonction du cœur défaillant. "Elle est indiquée dans trois cas de figure :

  • de façon transitoire en attendant que la force du cœur récupère (par exemple en cas de myocardite, infection virale du cœur),
  • en attendant une transplantation cardiaque (du fait du manque de donneurs, les délais d'attente sur liste de transplantation cardiaque peuvent être longs),
  • au long cours (quand une transplantation n'est pas possible)", explique le spécialiste.

Quels sont les médicaments de l'insuffisance cardiaque ?

Le traitement repose également sur des médicaments. Le Dr Stéphane Boulé détaille ceux qui sont classiquement prescrits :

  • Inhibiteurs de l'enzyme de conversion (IEC)
  • Antagonistes des récepteurs de l'angiotensine 2 (ARA 2)
  • Inhibiteurs du récepteur de la néprilysine (sacubitril/valsartan)
  • Les bêta-bloquants, l'anti-aldostérone et les médicaments diurétiques sont des médicaments plus récents permettant de réduire les hospitalisations et d'augmenter la durée de vie,

"Pour être efficace, le traitement doit être scrupuleusement respecté et l'observance parfaite. Les médicaments sont à prendre régulièrement et sans oubli" détaille le Dr Boulé.

Quand avoir recours à la transplantation cardiaque ?

La transplantation cardiaque est envisagée en cas d'insuffisance cardiaque grave et irréversible. Cependant, le recours à la greffe cardiaque est limité par la disponibilité des greffons. Environ 450 transplantations cardiaques sont effectuées chaque année en France.

Merci au Dr Stéphane Boulé, cardiologue spécialisé dans la prise en charge des anomalies du rythme cardiaque et membre de la Fédération Française de Cardiologie.