Faut-il avoir peur de l'aspartame ? Dr Buhler : "Pourquoi prendre un risque inutile ?"

Le Dr Marianne Buhler est gynécologue, à ce titre, s'intéresse beaucoup à l'environnement des femmes enceintes et à ses conséquences potentielles. Elle revient sur l'étude danoise et sur ses conséquences potentielles.

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Pourquoi les femmes enceintes prendraient-elles des risques potentiels plutôt que d'appliquer le principe de précaution, se demande le Dr Buhler ? © Yuri Arcurs - Fotolia

Que pensez-vous de l'amendement voté par la commission environnement à l'initiative de Corinne Lepage, dans l'espoir d'annoter une mise en garde aux femmes enceintes sur les produits contenant de l'aspartame ?

C'est une bonne chose à mon avis. Par le simple fait d'informer les gens, on règle une bonne partie du problème, du moins à notre niveau de médecins. Ensuite, chacun fait ce qu'il veut, mais en toute connaissance de cause.

Que vous inspire l'étude danoise reliant la consommation de boissons à l'aspartame à un taux d'accouchements prématurés plus élevé que la moyenne ?

Je trouve ces conclusions préoccupantes, d'autant qu'on parle d'accouchements déclenchés plus tôt pour raisons médicales.

Mais il faudra des études plus poussées, pour regarder par exemple quelles étaient les raisons de ces déclenchements prématurés. Et puis il faudrait mieux comprendre les conséquences possibles de cette prise d'aspartame. Il y a par exemple cette étude italienne qui montre que sur les rats, la consommation régulière d'aspartame semble augmenter le nombre de tumeurs : il faut investiguer !

En attendant, que conseillez-vous aux femmes enceintes qui viennent vous voir ?

De ne pas prendre d'aspartame ! Ce n'est pas un médicament, on peut s'en passer, alors dans le doute, pourquoi prendre un risque ? Attendons d'en savoir plus. Nous n'allons tout de même pas faire comme pour le tabac, où nous avons mis 50 ans pour dire aux femmes que fumer pendant la grossesse était dangereux pour le bébé !

Pourquoi une telle inertie, selon vous, puisque l'on a un doute ?

Il y a une sorte de pression je pense. Lorsque l'étude danoise est sortie, j'ai essayé de publier un commentaire dans une revue gynécologique spécialisée. On m'a répondu qu'il ne serait pas publié, parce que le journal ne pouvait tout de même pas se mettre Coca-Cola à dos !

Comment faire quand on doit éviter le sucre pour des raisons médicales, en cas de diabète gestationnel, par exemple ?

Il y a toujours moyen de supprimer ou de diminuer le sucre présent dans son alimentation sans pour autant le remplacer par autre chose. Il faut apprendre à manger moins sucré, tout simplement.

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