Allergènes alimentaires et étiquetage : on est loin de la transparence

Depuis bientôt 1 an, la présence d’allergènes dans les produits alimentaires non emballés doit obligatoirement être signalée. Sauf qu'en réalité, c’est loin d’être le cas.

Allergènes alimentaires et étiquetage : on est loin de la transparence
© kzenon - 123 RF

Lorqu'on souffre d'une allergie alimentaire, il n'est pas simple de faire ses courses ou de dîner au restaurant l'esprit tranquille. Car si la présence d’œufs, de fruits à coque, d'arachide ou encore de crustacés est indiquée depuis 2005 sur les aliments emballés, on ne peut pas en dire autant des produits alimentaires non emballés.

Mais depuis le 1er juillet 2015, grâce à un décret découlant de l'application de normes européennes, la présence d'allergènes dans les produits alimentaires non emballés doit obligatoirement être portée à la connaissance des consommateurs, aussi bien sur les produits à la coupe, que sur les étals des traiteurs et des bouchers. En clair, il s'agit de consigner par écrit, sur un support accessible, la liste des allergènes présents dans le produit alimentaire. En outre, les restaurateurs doivent tenir un registre mentionnant les allergènes et consultable par les clients sur simple demande.

La loi est plus ou moins respectée. Mais sur le terrain, il semble que le décret peine à être appliqué, s'inquiète l'association de consommateurs UFC-Que Choisir, qui a mené une enquête auprès de 375 commerces (rayons traiteur des grandes surfaces, petits commerces, charcuteries, boulangeries, restaurants, etc.) dans 81 départements. Avec pour objectif de vérifier comment les professionnels informaient les consommateurs sur les allergènes. Les résultats sont mitigés. "Si les Mc Donald's, Quick et autres KFC font un quasi sans faute, affichant systématiquement les allergènes de leur menus, le petit commerce est à la traîne : 75 % des artisans enquêtés ne respectent pas l'obligation d'affichage réglementaire", précise le communiqué de presse de l'UFC-Que Choisir. D'ailleurs, dans près d'un commerce sur cinq, l'attitude des commerçants est peu coopérative, voire franchement hostile. Les enquêteurs rapportent ainsi quelques perles entendues : "mais faites-le donc vous-même votre gâteau !" ou encore "je suis boulangère, pas nutritionniste". Côté grandes surfaces, c'est un peu mieux mais loin d'être parfait : 25 % de celles visitées n'affichent rien. "Par enseigne, Monoprix est le plus respectueux de la réglementation (88 % des magasins visités) et Géant Casino, bon dernier (57 %)."

Informations peu digestes. L'UFC-Que Choisir souligne encore que les professionnels se contentent trop souvent de compiler les informations, sans se soucier d'en faciliter la lisibilité par les consommateurs. Si Auchan s'en sort le mieux (64 % des magasins enquêtés informent via des étiquettes individuelles piquées sur le produit), Monoprix est pointé du doigt avec 0% de magasins qui relaient l'information nutritionnelle par ce biais. L'UFC-Que Choisir remarque enfin que la plupart des commerces se dédouane "au détriment des consommateurs" avec la présence, dans la majorité des cas, d'une information de précaution : "Produit susceptible de contenir des traces de…".