De l'art et des ateliers culinaires pour retarder Alzheimer

En complément des traitements médicamenteux, les initiatives se multiplient pour accompagner les malades d'Alzheimer. Ateliers d'art, visites culturelles, musicothérapie... sont autant de façons d'améliorer leurs capacités cognitives et leur bien-être.

De l'art et des ateliers culinaires pour retarder Alzheimer
© Alexander Raths - Fotolia.com
alzheimer potel chabot
Atelier chocolat  dans la célèbre maison Potel et Chabot. © Fondation hospitalière Sainte-Marie

Aujourd'hui, 1 personne sur 10 après 65 ans est touchée par la maladie d'Alzheimer en France. Et avec le vieillissement de la population, les projections à l'horizon 2013 font état de 1,3 millions de malades. Mais si le nombre de malades progresse vite, les réponses thérapeutiques tardent. "Il n'existe pas de traitement médicamenteux efficace et nous n'avons aucun nouveau produit à proposer cette année", déplore le docteur Florence Bonté, gériatre et responsable de l'hôpital de jour psycho-gériatrique de la Fondation hospitalière Sainte-Marie (Paris 14e). Par ailleurs, elle constate une sur-prescription de médicaments psychotropes chez les malades Alzheimer. "On en prescrit 15 à 20 % alors que 1 à 2 % seraient suffisants, note-t-elle. Et ils peuvent provoquer des effets indésirables graves !". Mais la bonne nouvelle, c'est que dans le même temps, les approches thérapeutiques non médicamenteuses se développent en complément des traitements classiques. Leur objectif ? Améliorer la qualité de vie des malades ainsi que leurs capacités cognitives et réduire les troubles du comportement. "Il est aujourd'hui établi que la stimulation cognitive retarde la progression de la maladie d'Alzheimer et améliore le quotidien des personnes atteintes", affirme le docteur Bonté. Concrètement cela se traduit par la mise en place d'ateliers d'art thérapie, de musicothérapie, la visites de musées, etc. Chez des personnes apathiques, en retrait, qui refusent parfois de sortir et de créer des liens avec l'autre, ces initiatives ont toute leur importance. Ainsi, l'Institut Sainte Marie a organisé une visite gustative des cuisines de la célèbre maison Potel et Chabot.

Au programme de cette sortie gourmande, confection et dégustation de sablés, sucettes chocolatées et guimauves. Avec en toile de fond plusieurs objectifs tant cognitifs que psychologiques. "Ce type d'atelier fait appel à la mémoire des gestes des participants, précise Aude Bournazel, orthophoniste. Il permet de les faire participer activement à l'élaboration des pâtisseries et ainsi de canaliser leur attention. C'est aussi un moyen de valoriser leurs compétences et de leur donner envie de faire." Et ça marche. Stéphane Lévèque, directeur marketing de Potel et Chabot, qui a participé à l'un de ces ateliers l'atteste : "je me suis demandé si ces personnes étaient vraiment malades ! Elles étaient debout et mobiles pendant les 2h30, elles avaient le sourire et la joie de vivre, elles étaient curieuses, posaient des questions... Et fières de repartir avec leurs douceurs !".
Ces dernières années la Fondation hospitalière Sainte-Marie a mis en place de nombreuses initiatives de ce genre : visite et ateliers de peinture sur soie avec la maison Hermès, art-thérapie à Sèvres Cité de la céramique, visite culturelle au Louvre, sortie au cinéma, etc. Au-delà de la dimension créative, ces initiatives contribuent à rompre l'isolement des personnes et favorisent le mieux-être de la personne. "Ces activités réveillent chez les patients d'anciens souvenirs et stimulent leurs capacités préservées et leur sensibilité. Le plaisir retrouvé de faire et la fierté de montrer à leurs proches leurs productions contribuent à apaiser la dépression et l'anxiété", confirme Florence Bonté.