Les nouvelles armes pour lutter contre le cancer Un traitement qui cible en priorité les cellules cancéreuses

Depuis une dizaine d'années, une piste prometteuse s'est concrétisée en traitements vraiment concluants : ce sont les thérapies ciblées. L'idée de départ est simple, même si difficile à mettre en application : il s'agit de viser uniquement les cellules cancéreuses dans le but de les détruire, et non toutes les cellules de façon indifférenciée, comme le fait la chimio. En théorie, c'est très simple. En pratique, un peu moins. "Il s'agit de créer un médicament suffisamment "intelligent" pour reconnaître les cellules cancéreuses, grâce à certains récepteurs situés sur la membrane externe de la cellule", explique Christian Cailliot, responsable de projets au département Recherche clinique et innovations à l'Institut national du cancer (Inca).

Comment faire ? Les chercheurs ont choisi de se servir des récepteurs membranaires. Ce sont des protéines complexes qui sont présentes sur la surface externe de la cellule. Elles sont différentes selon le type de cellules auxquelles on a à faire et constituent sa carte d'identité, y compris pour les cellules cancéreuses. En repérant l'un de ces récepteurs, et en créant un médicament qui ne s'attaque qu'aux cellules porteuses de ce récepteur, on peut donc tuer les cellules cancéreuses en épargnant autant que possible les autres cellules saines : c'est une thérapie ciblée.

Empêcher la vascularisation

La principale difficulté est de réussir à définir le récepteur qui n'est présent QUE sur les cellules cancéreuses et être certain qu'il n'est pas aussi présent sur d'autres types de cellules. Imaginons : une protéine A repérée sur les cellules cancéreuses du foie et pas sur les cellules normales du foie. Si cette protéine A est aussi présente sur les cellules cette fois normales de la thyroïde, un traitement ciblé contre A risque d'atteindre le cancer du foie mais aussi la thyroïde... Les chercheurs doivent donc identifier les protéines sur les cellules cancéreuses mais aussi sur toutes les autres. Quelques années de recherche en perspective...

Il existe aujourd'hui plusieurs types de thérapies ciblées. Parmi elles, celles qui visent l'environnement de la tumeur. Leur cible : les vaisseaux qui viennent alimenter la tumeur cancéreuse. En effet, celle-ci a besoin d'un approvisionnement sanguin important pour se développer. Elle constitue des ramifications vasculaires à proximité, ce qui lui permet de s'alimenter et de grossir. "Les premières thérapies ciblées étaient donc constituées d'anticorps capables de détruire la protéine de la cellule cancéreuse qui stimulait la production de vaisseaux ", explique le Professeur Gilles Vassal, directeur de recherche clinique et translationnelle à l'Institut Gustave Roussy (IGR).

D'autres thérapies ciblées s'attaquent aux protéines responsables de la communication, ou encoredu manque de communication, entre les cellules cancéreuses et le reste de l'organisme. Par exemple, on l'a vu, ces cellules sont devenues indépendantes et refusent de mourir, c'est un des problèmes avec le cancer. Ces thérapies vont donc agir sur les protéines responsables de l'absence de cette communication, rendant ainsi les cellules cancéreuses à nouveau mortelles en leur intimant l'ordre de se détruire.

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