La maladie vue par le cinéma La maladie de Sachs ou le quotidien ordinaire d'un médecin de campagne

Le film

martin winckler, médecin généraliste de son état, est également l'auteur du
Martin Winckler, médecin généraliste de son état, est également l'auteur du livre qui a inspiré le film. © L'Internaute Magazine

La maladie des Sachs n'en est pas une. Ou plutôt, elle est l'addition de tous les petits maux des patients du Dr Sachs, médecin généraliste dans un petit bourg de la campagne sarthoise. Ce film de Michel Delville où Albert Dupontel est particulièrement crédible dans le rôle principal, est adapté du célèbre roman éponyme de Martin Winckler. Qui maîtrise son sujet... Puisqu'il était à l'époque lui-même médecin généraliste dans cette région.

Au fil des séquences, les patients et les proches du Dr Sachs brossent le portrait d'un médecin très à l'écoute, qui reçoit les confidences, rassure, panse les plaies du corps, du cœur et de l'âme. On voit également les patients défiler, avec leurs bobos du quotidien ou leurs maladies incurables. Dans ce film, c'est la maladie avec un petit m qui est mise à l'honneur. Mais c'est aussi, surtout même, un véritable portrait de la vie d'aujourd'hui, vu par la lorgnette médicale. Et l'on se surprend à espérer tomber un jour sur un médecin généraliste aussi patient, compréhensif et dévoué que ce Dr Sachs.

Les autres films sur les médecins

Dans le même genre, le petit film québécois "La grande séduction" a remporté un succès mondial il y a quelques années. Un petit village du fin fond de la Gaspésie (l'équivalent encore plus sauvage de notre Bretagne) périclite. Pour survivre, il voudrait voir s'installer une usine sur son territoire. Mais pour ça, les entrepreneurs exigent que le village compte au moins un médecin. Seulement voilà : quel médecin voudrait venir se perdre au bout du monde, dans un minuscule village qui ne compte même pas 200 habitants ? Les notables de Sainte-Marie La Mauderne entament donc un grand processus de séduction pour retenir un médecin intérimaire, venu "en punition" pour un mois. Evidemment, puisque c'est un joli conte universel, tout est bien qui finit bien : le médecin tombe amoureux des habitants, l'usine ouvre et Sainte-Marie la Mauderne revit. Un médecin lui a sauvé la vie. Logique.

Le médecin généraliste

 Ah oui ça on aimerait bien en avoir un sous la main, de Dr Sachs. Dans les faits malheureusement, la situation est rarement aussi brillante. Pour deux raisons : "médecin généraliste" ne semble pas faire aussi classe sur un CV que "médecin spécialiste". Ils ne sont donc pas si nombreux, et ce d'autant que le numerus clausus (le nombre de candidats admis en seconde année de médecine) était jusqu'à très récemment dramatiquement bas. Seconde raison : beaucoup de jeunes médecins libéraux préfèrent largement s'installer, pour des raisons personnelles et professionnelles, en ville plutôt qu'à la campagne.

Résultat : si en ville le nombre de médecins par habitant est acceptable, ce n'est plus du tout le cas dans certaines régions, comme la Normandie par exemple. Les médecins qui y officient sont parfois si débordés qu'ils sont contraints de refuser tout nouveau patient. Et comme tous sont aussi débordés, certains patients se retrouvent sans médecin traitant.

Le vieillissement de la population aidant, cette pénurie devient un véritable problème de société (bon courage pour tenter de faire se déplacer un médecin jusqu'au domicile d'un malade, par exemple !). Les pouvoirs publics ont bien tenté de trouver des solutions (obligation de s'installer en province au sortir des études pour certains médecins, prime à l'installation...). Toutes ont soulevé l'ire de la profession. Seul remède sur le long terme : le numerus clausus a été augmenté. Mais il faudra bien sûr attendre plusieurs années avant que cela ne porte ses fruits. En attendant, certains consultants se sont spécialisés dans "l'import de médecins". Ils vont débaucher dans d'autres pays d'Europe, comme la Roumanie, des médecins prêts à travailler en campagne et les aident à s'installer.

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