Ségolène Royal ne veut plus de bisphénol A dans les tickets de caisse

Ségolène Royal lance une offensive contre le bisphénol A. Alors que certains supermarchés l'ont déjà éliminé de leurs tickets de caisse, elle souhaite en faire un exemple et accélérer l'interdiction de ce perturbateur endocrinien.

Ségolène Royal ne veut plus de bisphénol A dans les tickets de caisse
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En déplacement dans des magasins Carrefour et Naturalia ce matin, la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, n'a pas manqué de féliciter des entreprises "qui ont pris les devants en éliminant les bisphénols des tickets de caisse et reçus de carte bancaire sans attendre la mise en place d'interdictions réglementaires." A cette occasion, la ministre de l'Ecologie a de plus annoncé que l'interdiction du bisphénol A dans les tickets de caisse, mais aussi dans l'ensemble des conditionnements alimentaires entrera en vigueur comme prévu au 1er janvier 2015. 

Le bisphénol A est une substance chimique particulièrement dangereuse pour les femmes enceintes en raison de risques pour le futur bébé. Depuis janvier 2011, il fait déjà l'objet d'une interdiction dans les biberons au sein de l'Union européenne. Mais la France est allée plus loin : depuis le 1er janvier 2013, le bisphénol A est banni des contenants alimentaires destinés aux 0-3 ans. La prochaine étape de cette loi votée en 2012 est donc l'élargissement de cette interdiction à tous les matériaux en contact avec des aliments. "C'est long parce qu'il y a de mauvaises habitudes qui ont été prises, c'est long parce ça coûte un peu cher au distributeur. Quand il faut changer, ça représente un coût, mais la santé publique n'a pas de prix", a déclaré Mme Royal ce matin, soulignant que ceux qui anticiperont ce changement auront "un avantage concurrentiel" car les consommateurs iront vers les "enseignes et produits qui ne portent pas atteinte à leur santé". Et pour préparer l'entrée en vigueur des interdictions, Ségolène Royal a déjà indiqué son intention de lancer un label volontaire "sans bisphénol A", qui pourra être délivré prochainement aux entreprises ayant effectivement déjà substitué cette substance.

Offensive contre les perturbateurs endocriniens. Le déplacement de la ministre de l'Ecologie s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre d'un plan de lutte global contre les perturbateurs endocriniens adopté le 29 avril dernier. Ségolène Royal souhaite en effet s'attaquer d'une manière plus cohérente à l'ensemble des perturbateurs endocriniens, qu'il s'agisse du bisphénol A, des phtalates ou encore des parabènes. Aussi, la ministre indique qu'elle va "cibler les contrôles sur les phtalates dans les jouets, en particulier les jouets importés, et accélérer la substitution du bisphénol dans des jouets mis sur le marché français". D'après un communiqué du ministère de l'Ecologie, il est prévu que la France propose à l'Union européenne de revoir la directive jouets pour substituer totalement le bisphénol A des jouets.

Bisphénol A : la dose seuil revue à la baisse. En janvier dernier, l'Agence européenne des aliments (Efsa) avait publié un rapport de réévaluation des risques pour la santé du bisphénol A. A cette occasion, elle avait annoncé que les seuils tolérés pour l'exposition au BPA devraient être divisés par dix. Elle avait alors identifié des effets probables sur le foie et les reins, ainsi que sur la glande mammaire. Et des effets probables sur les systèmes reproductif, nerveux, immunitaire, métabolique et cardiovasculaire, ainsi que sur le développement de cancers.
On trouve surtout le bisphénol A dans le polycarbonate, un plastique rigide et utilisé dans les contenants alimentaires, comme les bouteilles en plastique ou les bonbonnes à eau. Il entre également dans la composition de résines de revêtements utilisées notamment pour recouvrir l'intérieur des canettes et des boîtes de conserve. L'alimentation contribue à plus de 80 % de l'exposition de la population par le bisphénol A.