Opérer sous cœlioscopie n'est pas sans risque en cas d'appendicite

Après le décès d'un enfant de 11 ans à la suite d'une appendicectomie, dans une clinique de Metz, une enquête médico-administrative a été diligentée pour éclaircir les circonstances du décès. Eclairage sur cette opération pourtant considérée comme bénigne.

Opérer sous cœlioscopie n'est pas sans risque en cas d'appendicite
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L'appendicectomie qui consiste à retirer l'appendice du système digestif, est une intervention "bénigne" mais elle peut s'accompagner de complications. Un enfant de 11 ans est mort le 2 novembre dernier des suites d'une opération de ce type dans une clinique de Metz. Deux enquêtes sont en cours, l'une administrative diligentée par l'Agence régionale de santé, pour préciser les raisons de ce décès, survenu après une opération chirurgicale impliquant trois chirurgiens. L'autre judiciaire : le parquet de Metz a en effet ouvert une information judiciaire contre X.

L'appendicectomie est une opération "banale" et qui a toujours été considérée comme "bénigne" en chirurgie, témoigne à l'AFP le gastro-entérologue Christian Boustiere de l'Hôpital Saint-Joseph de Marseille. Même si ce type d'intervention n'est "pas si anodin que cela" en raison des risques de "complication, même sur des cas a priori simples" avec, par exemple, un appendice situé anormalement, sous le foie, ou encore des risques liés à l'inflammation, explique-t-il.

La cœlioscopie, moins invasive. Pour retirer l'appendice, deux méthodes existent. D'abord, la méthode classique qui consiste à pratiquer une incision au niveau de la fosse iliaque droite afin de retirer l'appendice. Mais depuis quelques années, c'est la technique de la cœlioscopie qui est le plus souvent privilégiée (95 % des cas). Celle-ci est en effet moins invasive et évite donc d'avoir à pratiquer de grandes incisions. En pratique, elle consiste à pratiquer trois petits trous dans l'abdomen sous anesthésie générale. Ensuite, le chirurgien introduit dans le ventre des instruments longs et fins généralement robotisés et couplés à un système d'imagerie vidéo afin d'aller inciser et retirer l'appendice avec le moins de dégâts possibles. Dans le même temps, du gaz carbonique est introduit dans l'abdomen pour le soulever, afin que les viscères soient ainsi facilement accessibles.

Risque de plaie vasculaire. Parmi les risques spécifiques de l'appendicectomie sous cœlioscopie, la réalisation de plaies vasculaires par le biais de l'utilisation des aiguilles est bien identifiée. " Pour avoir été expert dans beaucoup d'affaires, je sais que parfois, il arrive qu'en cœlioscopie, avec la mise en place de trocarts ou d'aiguilles, il y ait un risque de plaie vasculaire", a expliqué le Pr Jacques Baulieux, ancien chirurgien à l'hôpital de la Croix-Rousse à Lyon et ancien président de l'Académie nationale de chirurgie, dans un entretien accordé à l'AFP. 

Le nombre d'appendicectomies a considérablement chuté en France depuis une vingtaine d'années : 300 000 à 83 340 en 2010, en raison d'une utilisation plus systématique des scanners et des échographies permettant d'éviter des interventions non obligatoires.