Consommation d'antibiotiques : vers l'impasse thérapeutique ?

La consommation d'antibiotiques en France ne faiblit pas. Le problème dépasse d'ailleurs nos frontières. Le risque, à terme, c'est de ne plus pouvoir traiter des infections banales, comme les infections urinaires.

Consommation d'antibiotiques : vers l'impasse thérapeutique ?
© ml racorn - 123 RF

Pour soigner une infection virale, les antibiotiques ne sont pas utiles ! En cas de rhinopharyngite chez un enfant, la prescription d'antibiotiques n'est pas nécessaire !  Et pourtant, les médecins continuent à en prescrire et les patients à les réclamer. Mais le problème, c'est que l'utilisation massive et répétée de traitements antibiotiques inadaptés conduit à l'apparition de bactéries résistantes à ces médicaments. 

30 à 50 % de prescriptions inutiles. En France, en 2012, environ 158 000 infections et 12 000 décès sont imputables à des infections à bactéries multi-résistantes selon Santé Publique France. Un rapport, publié le 18 novembre 2016, dresse un bilan des données de consommation et de résistance aux antibiotiques. Le constat est clair : 30 à 50 % des prescriptions sont inutiles. De plus, la consommation d'antibiotique progresse sur 10 ans. Le rapport confirme par ailleurs l'émergence de certaines bactéries hautement résistantes aux antibiotiques, qui risquent de conduire à des "impasses thérapeutiques". Dans quelques années, une infection banale, qui se soigne bien grâce aux antibiotiques pourrait donc devenir dangereuse. C'est le cas avec les infections urinaires à Escherichia coli, une bactérie intestinale inoffensive dans nos tubes digestifs, mais qui provoque des infections douloureuses dès lors qu'elle se retrouve dans le système urinaire. Ainsi, les résistances aux médicaments de dernier recours, tels que les céphalosporines de 3e générations sont de plus en plus fréquentes, en particulier en région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) selon ce même rapport.

Les bactéries responsables des maladies nosocomiales (contractées à l'hôpital), pourraient également devenir super résistantes. Une opération chirurgicale anodine pourrait alors comporter un risque de septicémie si les antibiotiques habituellement prescrits devenaient inefficaces.

Menace planétaire. A l'échelle mondiale, les résistances microbiennes seraient actuellement responsables de 700 000 morts par an. Ce phénomène, lié à la surconsommation et le mésusage des antibiotiques, est aggravé par l'arrêt de production de certains anciens antibiotiques et l'absence d'innovation depuis deux décennies, conduisant à une réduction de l'arsenal thérapeutique disponible. Maîtriser l'antibiorésistance est donc un enjeu mondial qui implique une action coordonnée.

Dans ce contexte, le gouvernement a présenté jeudi une "feuille de route interministérielle", sur 5 ans. 330 millions d'euros ont été débloqués. Son objectif : diminuer la consommation d'antibiotiques de 25 % d'ici 2018. Pour ce faire, elle prévoit 13 mesures phares, portant notamment sur la communication auprès du grand public, la formation des professionnels de santé, la recherche de nouveaux traitements et la surveillance de l'antibio-résistance via la création d'un réseau de surveillance. 

A retenir : les antibiotiques ne peuvent rien contre les virus : ils sont efficaces uniquement contre les bactéries. Retenez encore que plus on les utilise, plus les résistances augmentent. Par ailleurs, utilisez-les de manière pertinente, pendant toute la durée du traitement (même si les symptômes disparaissent). Sachez enfin que chaque prescription est individuelle donc pour une personne donnée, à un moment précis.