Une répartition inégale selon la zone géographique pour la puberté

Pour la première fois en France, une carte de la répartition géographique des cas de pubertés précoces a été réalisée. Le rôle des perturbateurs endocriniens se confirme.

Une répartition inégale selon la zone géographique pour la puberté
© dolgachov - 123 RF

Une première estimation de la fréquence de la puberté précoce en France vient d'être présentée sous forme de carte à l'occasion des Rencontres Santé publique France organisées à Paris les 30 et 31 mai 2017. Selon l'équipe de recherche qui a présenté les résultats d'une étude menée entre 2011 et 2013, on dénombrerait 1 173 nouveaux cas de puberté précoce par an chez les filles et dix fois moins chez les garçons. Mais ce qui surprend, c'est que les cas de pubertés précoces varient énormément selon la zone géographique. Il existe ainsi des variations géographiques département par département, avec, pour les filles, certaines régions où elle est douze fois plus fréquente et, pour les garçons, six fois plus. Pour établir cette carte des pubertés précoces, les chercheurs ont recensé les traitements prescrits pour bloquer temporairement la puberté, en écartant celles de causes connues (lésions du système nerveux centrales, origine génétique...). "Pour les filles, nous avons identifié deux régions à forte incidence : Midi-Pyrénées autour de Toulouse et Rhône-Alpes autour de Lyon", explique Joëlle Moal, le médecin épidémiologiste de Santé publique France qui a dirigé ce travail avec des spécialistes de l'hôpital Robert Debré (Paris). Parmi les moins touchées, situées dans la moitié nord, figurent Lille et le Pas-de-Calais. C'est schématiquement "à peu près pareil" pour les garçons.

Les cas de pubertés précoces inquiètent les spécialistes. Depuis les années 90, l'environnement est suspecté de dérégler le système endocrinien. De nombreuses études ont ainsi relevé par le passé une association entre les précocités pubertaires chez les filles et l'exposition à certains perturbateurs endocriniens, essentiellement les phtalates, les bisphénol A et les pesticides. 

Chez les filles, le rôle de l'exposition aux perturbateurs endocriniens est considéré comme scientifiquement "plausible", a confirmé Joëlle Moal. D'autres hypothèses sont toutefois discutées comme par exemple le rôle des rayons UV ou le surpoids. Pour approfondir la question, les chercheurs prévoient maintenant d'étudier certains types de cultures - viticulture et arboriculture - auxquelles auraient pu être exposées les familles, ainsi que les éventuelles expositions industrielles. L'étude n'a toutefois pas permis à ce stade de savoir si cette pathologie rare était en augmentation.

La puberté précoce touche principalement les petites filles. Elle se manifeste principalement par un développement précoce des seins, avant 8 ans. Chez les petits garçons, c'est l'augmentation de la taille des testicules avant 9 ans qui doit alerter les parents. D'autres signes, apparaissant avant 8 ans, peuvent faire évoquer une puberté précoce, notamment une transpiration odorante, l'apparition de poils ou encore de l'acné. Reste qu'il n'est pas évident de poser un diagnostic. Et pour cause, il n'est pas si facile de faire la différence entre une poussée mammaire précoce et un léger surpoids chez une petite fille. De même, l'âge de la puberté peut varier d'une famille à l'autre. En cas de doute, l'avis d'un pédiatre est donc plus prudent. Ce que l'on sait moins, c'est que la puberté précoce a aussi des effets sur le comportement, comme nous l'avait expliqué le Docteur Patricia Bartaire, pédiatre de l'Association française des pédiatres endocrinologues libéraux (AFPEL). "D'une manière générale, le comportement se modifie : ce sont des sautes d'humeur liées aux hormones, des problèmes avec les parents ou à l'école... Une sorte de "crise d'ado" avant l'heure en quelque sorte." Et le problème, c'est que nombre de parents se retrouvent également désemparés et mal à l'aise face à cette évolution précoce de leur enfant. C'est pourquoi il ne faut pas hésiter à consulter. "Lorsque l'enfant est examiné par le pédiatre et que les modifications précoces de son corps lui sont expliquées, dans bien des cas cela permet de diminuer son inquiétude", expliquait encore la spécialiste.