Que contient le programme santé d'Emmanuel Macron ?

Emmanuel Macron, 39 ans, a été élu le 7 mai président de la République avec 65 % des suffrages. Lutte contre les déserts médicaux, prévention des pathologies chroniques, sécurité sociale... Qu'en est-il de ses propositions en matière de santé ?

Que contient le programme santé d'Emmanuel Macron ?
© DmitriyShironosov - 123 RF

[Mise à jour, 10/05/2017] L'ancien ministre de l'Économie est désormais président de la République. Il est attendu sur de nombreux sujets relatifs à la santé, qu'il s'agisse de l'organisation des hôpitaux, du tiers payant ou encore des déserts médicaux. 

Avec 86 % de satisfaction, la France est le pays où le taux de satisfaction des patients est le plus élevé d'Europe, souligne le dernier baromètre réalisé par Odoxa pour France Inter et Le Figaro. Pourtant, nombreux sont les problèmes rencontrés par les Français, en particulier la difficulté à obtenir un rendez-vous avec un spécialiste. Autre problème : le fait de devoir payer des dépenses de santé non couvertes par la Sécurité sociale, tels que les soins dentaires, d'optique ou encore les audio-prothèses. Voici ce qu'il faut retenir des propositions énoncées par Emmanuel Macron pendant la campagne des Présidentielles.

Le programme santé d'Emmanuel Macron

Mieux vaut prévenir que guérir : pendant sa campagne, Emmanuel Macron est revenu à maintes reprises sur la nécessité d'agir sur la prévention des pathologies fréquentes, sources de dépenses pour l'Assurance maladie. En d'autres termes, moins il y a aura de gens malades, moins cela coûtera cher. L'idée est donc de réduire à terme les dépenses de santé mais aussi de réduire les inégalités sociales. Pour mettre en œuvre sa "révolution de la prévention", Emmanuel Macron cible en particulier le tabagisme, l'alcoolisme et l'obésité. Reprenant mot pour mot Marisol Touraine, il se donne pour objectif que "la nouvelle génération qui naît aujourd'hui, soit une génération sans tabac."

Pour mener sa politique de prévention, il propose de missionner 40 000 étudiants en santé pour qu'ils interviennent, dans le cadre d'un "service sanitaire" de 3 mois dans les écoles et entreprises. Mais aussi de valoriser la rémunération des médecins de ville pour leur temps alloué à la prévention.

Concernant l'hôpital, il devrait mener une "large concertation" au début du quinquennat afin de lancer une réforme "en profondeur". Il a ainsi déjà promis de laisser davantage d'autonomie aux établissements, de développer l'ambulatoire et de réduire la part de T2A (tarification à l'activité). Aucune réduction d'effectifs soignants n'est prévu. 

Le candidat souhaite également apporter des solutions pour ceux, nombreux, qui renoncent à se soigner, soit pour des raisons financières, soit pour des raisons géographiques. Réduire les déserts médicaux fait donc partie du programme d'Emmanuel Macron. C'est d'ailleurs selon un sondage de la Mutualité Française une priorité pour un Français sur deux. Pour y parvenir, il souhaite inciter les médecins à s'installer dans les territoires sous-dotés, en particulier par la formation de maisons pluridisciplinaires de santé, mais aussi en déverrouillant l'accès à la télémédecine.

Autre constat du candidat, le taux de reste à charge est trop élevé pour les soins audio, optique et dentaire. Aussi, Emmanuel Macron a pour objectif de rembourser à 100 % ces soins d'ici 2022. Pour y parvenir, il n'est nulle question d'augmenter les tarifs des mutuelles mais d'instaurer trois contrats types que devront proposer assureurs et mutuelles pour garantir la transparence et faciliter les comparaisons.

Selon Emmanuel Macron, il faut enfin rendre le système de santé plus efficient. C'est à dire limiter les soins non pertinents, redondants, ou mal coordonnés qui coûtent cher et peuvent avoir des conséquences sur la santé des Français. Exemple concret : actuellement, un médicament acheté sur deux n'est pas consommé et entraîne un gaspillage de 7 milliards d'euros par an : le candidat souhaite généraliser la vente de médicaments à l'unité. A l'inverse, il s'engage à ce qu'aucun soin utile ne soit déremboursé pendant son quinquennat et promet même de rétablir le remboursement à 100 % du traitement des formes sévères d'hypertension artérielle (HTA).

Enfin, sur le sujet polémique du tiers payant, il expliqué dans son programme, qu'il prendra "le temps d'évaluer ses bénéfices et les contraintes qu'il pourrait induire."  A priori il ne reviendra pas sur la réforme, mais devrait amener de la flexibilité dans son application. A suivre.

Le programme santé de Marine Le Pen

Marine Le Pen aussi fait des déserts médicaux un enjeu de campagne. Elle propose d'instaurer un stage d'internat dans les zones concernées, la possibilité pour les médecins retraités d'y exercer avec des réductions de charges et de développer des maisons de santé. Elle précise par ailleurs dans son programme vouloir relever le numerus clausus, notamment, afin "d'éviter le recours massif aux médecins étrangers". Elle assure par ailleurs qu'un maximum d'hôpitaux de proximité seront maintenus et que les effectifs de la fonction hospitalière seront augmentés.

Autre promesse de la candidate FN, garantir la Sécurité sociale pour tous les Français ainsi que le remboursement de l'ensemble des risques pris en charge par l'Assurance maladie, avec la création d'un 5e risque consacré à la dépendance. Pour pérenniser son financement, Marine Le Pen souhaite simplifier l'administration du système, en luttant "contre la gabegie financière" et en investissant dans les nouveaux outils numériques pour permettre des économies durables.

Le programme santé de François Fillon

Exit sa proposition sur la non prise en charge par la Sécurité sociale des petits risques qui avait fait polémique, François Fillon a revu sa copie. Désormais, le candidat fait du remboursement des soins à la charge des assurés une priorité. Comme Emmanuel Macron, il propose une prise en charge complète par la Sécurité sociale des lunettes pour les enfants dès 2017, et d'ici 2022, de tous les frais d'optique, dentaire et prothèses auditives. Le tout financé grâce un partenariat entre la Sécurité sociale et les organismes complémentaires. François Fillon souhaite par ailleurs supprimer le tiers-payant.

Néanmoins, il compte sur une politique de santé ferme pour réaliser lutter contre l'endettement de la branche santé et la désorganisation des soins. Il prévoit des mesures contre les soins redondants ou inutiles, la non-observance des prescriptions, le maintien en activité d'établissement de faible qualité, la mauvaise coordination des soins, le recours excessif à l'hôpital, les fraudes et abus ou encore la bureaucratie excessive. Le candidat entend "responsabiliser les caisses d'assurance maladie et augmenter fortement les sanctions." Enfin, il souhaite supprimer l'aide médicale d'Etat (AME) pour mettre fin "à la pression de l'immigration irrégulière sur notre système de santé," "Si nous ne rétablissons pas les comptes de l'assurance maladie, nous ne pourrons pas garantir l'avenir de notre système de santé solidaire. C'est un grand chantier que je veux mener avec tous les acteurs concernés car je suis convaincu que la réforme ne réussira que si elle est portée par eux. J'organiserai donc les Etats-Généraux de la santé fin 2017 début 2018 pour arrêter définitivement les mesures de modernisation de notre système de santé solidaire", précise-t-il au JournaldesFemmes.

Comme tous les candidats, François Fillon fait de la prévention une priorité. Un domaine sur lequel la France est en retard. Pour ce faire, il propose de rembourser une consultation de prévention tous les deux ans pour tous les Français, laquelle sera "rémunérée en conséquence", est-il précisé dans le programme. Par ailleurs, un grand Plan Santé à l'école prévoit de mener des actions ciblées sur le sommeil, la nutrition ou encore la prévention des addictions.

Le candidat LR compte par ailleurs s'attaquer au problème des déserts médicaux et à l'accès à des soins de qualité pour tous sur tout le territoire, en développant des maisons médicales et en laissant davantage d'autonomie aux hôpitaux publics et aux professionnels de santé pour créer les structures les plus adaptées. Mais aussi en incitant le développement de la télémédecine dans toute la France. Il compte ainsi instaurer un "parcours de soin" visant à assurer une meilleure coordination entre médecine hospitalière, médecine libérale et structures médico-sociales. Et mettre en place le dossier médical partagé afin de faciliter et sécuriser cette coordination.

Le programme santé de Benoît Hamon

Comme tous les candidats à la Présidentielle 2017, Benoît Hamon fait de la prévention une priorité. Par exemple, il propose d'établir, pour chaque élève, un parcours éducation-santé, avec plus de sport, l'apprentissage de la nutrition et des comportements favorables à sa santé. Il compte également s'attaquer à la malbouffe, au tabagisme, à l'abus d'alcool et à la pollution de l'air. La santé environnementale revient à de nombreuses reprises dans le programme du vainqueur des primaires de la gauche. Aussi, il souhaite lutter contre les particules fines dans l'air, responsables en partie de l'aggravation des symptômes des allergiques et asthmatiques. Pour ce faire, il annonce la sortie maîtrisée du diesel à horizon 2025 pour les voitures neuves.

Autre thématique qui tient à coeur à Benoît Hamon : le burn-out. Le candidat, auteur d'une proposition de loi déposée en 2016 visant à assimilier le burn-out à une maladie professionnelle, explique qu'il poursuivra "le chantier de l'amélioration des conditions de travail, par le renforcement de la médecine du travail, la prévention de la pénibilité et la reconnaissance du burn-out." Par ailleurs, Benoit Hamon annonce qu'il interdira les pesticides et les perturbateurs endocriniens dangereux.

Lutter contre les déserts médicaux. Sur ce thème crucial, Benoit Hamon souhaite créer 1 500 maisons de santé. Mais il va plus loin que les autres candidats. Non seulement un soutien financier et logistique serait apporté aux médecins qui s'installent dans les zones désertées, mais en plus, il propose de moins bien rembourser les consultations chez les médecins supplémentaires qui s'installent en zone sur-dotée, comme c'est déjà le cas pour les kinésithérapeutes et les pharmaciens. Si besoin, l'État pourra de plus avoir recours à des médecins salariés.

Baisser le prix des prothèses dentaires, auditives et des lunettes sont également au programme du candidat, afin de réduire les inégalités d'accès aux soins. Autres mesures annoncées : supprimer les franchises médicales ou encore simplifier l'accès aux dispositifs de solidarité (CMU-C, ACS, AME). Benoît Hamon ne prévoit pas de réformer la Sécurité sociale, mais il propose des mesures pour diminuer les dépenses inutiles. Le candidat souhaite, comme Emmanuel Macron, limiter l'automédication et le gaspillage par la distribution des médicaments à l'unité. Il veut en outre renforcer "la lutte contre la fraude aux cotisations, le travail dissimulé et les dépenses injustifiées."

Pour l'hôpital, il souhaite améliorer les conditions de travail, rénover les bâtiments vétustes et lancer un plan numérique ("Hôpital digital 2022").

Le programme santé de Jean-Luc Mélenchon

Selon le candidat de La France insoumise, les inégalités d'accès à la santé sont le résultat de 30 ans de politiques sanitaires néfastes. Il fustige en particulier le manque de volonté politique alors que le taux de renoncement aux soins pour raison financière est en augmentation constante, que les maladies chroniques explosent et que tous les acteurs du système de soins souffrent. Jean-Luc Mélenchon estime que la politique de santé est réduite à la seule dimension budgétaire, laquelle profite in fine aux intérêts privés, assureurs et industrie pharmaceutique. "Privatiser la santé est à la fois inégalitaire et inefficace", résume-t-il dans son programme santé. Alors que propose-t-il pour y remédier ? Première priorité, la prévention, avec en particulier la mise en place d'un plan de prévention des maladies liées à la pollution aux pesticides, à la consommation de drogues, à la souffrance au travail et au stress. Le candidat affirme qu'il bannira les pesticides nuisibles et qu'il refusera les OGM.

Autre priorité : réformer le système de soins. Le candidat a prévu une série de mesures : développement des centres de santé, interdiction des dépassements d'honoraires, création d'un corps de médecins fonctionnaires, sortie de la tarification à l'activité (T2A), recrutement de plus de 60 000 soignants et médecins à l'hôpital.

Pour casser le pouvoir des laboratoires pharmaceutiques, Jean-Luc Mélenchon propose de créer un pôle de recherche et de production public du médicament, indépendant. Il souhaite également réorganiser l'Agence du médicament, la Haute autorité de santé et le Comité économique des produits de santé (CEPS), afin d'en finir avec les conflits d'intérêt et de garantir une évaluation transparente des médicaments. Dernière priorité, mettre en place un système de soins 100 % solidaire, c'est-à-dire rembourser à 100 % les soins de santé, dont les soins et appareils dentaires, optiques et auditifs et faire baisser les tarifs des lunettes et appareils auditifs.