L'activité physique crée du lien après un cancer du sein

Après un cancer du sein, pratiquer une activité physique hebdomadaire réduit les risques de récidive de 25%. Elle aide aussi à lutter contre les séquelles liées aux traitements, la fatigue et l'anxiété.

L'activité physique crée du lien après un cancer du sein
© Arnd Rockser - 123 RF

Depuis plusieurs années, les soins de support sont de plus en plus associés aux soins classiques. En effet, on ne soigne plus seulement la pathologie : on prend en charge la personne qui souffre dans son ensemble. Selon le Baromètre Institut Curie/Vivavoice 2013, 63 % des Français jugent d'ailleurs importantes les approches complémentaires aux traitements médicamenteux, telles que la diététique, la sophrologie ou l'activité physique. Aujourd'hui, du diagnostic jusqu'à la rémission, les soins de support sont indissociables des traitements classiques, confirme le Dr Claude Boiron, oncologue et responsable des soins de support à l'Institut Curie. "Ils font partie du traitement, au même titre que la chimiothérapie et la radiothérapie. ils aident à mieux vivre la maladie, à mieux supporter les effets secondaires et de fait, à mieux suivre leurs traitements. donc l'observance est améliorée." 

Pratiquer au moins 3 heures d'activité physique hebdomadaire réduit les risques de récidive de 20-25 %.
Elle augmente aussi le taux de survie global des patients par rapport à ceux qui ne font pas d'activité. 

L'activité physique régulière a fait ses preuves. Elle est efficace, en complément de la rééducation, pour diminuer certaines séquelles liées à la chirurgie des cancers du sein. Ainsi, lorsque la patiente a dû subir un curage axillaire (on a enlevé les ganglions proches de la tumeur), elle risque de développer un lymphœdème, c'est-à-dire un gonflement du bras dû à une accumulation de la lymphe. Ce phénomène douloureux, handicapant et inesthétique peut être réduit, en complément de la kinésithérapie, grâce à l'activité physique. De plus, explique Claude Boiron, "les études ont montré que l'activité physique améliore la qualité de vie : elle diminue les troubles du sommeil et la fatigue induite par les traitements." Elle permet en outre d'avoir une meilleure gestion du poids, un élément d'autant plus important que le surpoids est un facteur de récidive pour le cancer du sein. Qui plus est, l'activité physique, en maintenant la masse musculaire, contribue aussi à avoir un meilleur taux de réponse aux traitements. En effet, précise le Dr Boiron, "de la même façon qu'on perd avec l'âge des neurones, on perd de la masse musculaire en vieillissant. Or, la diminution de la masse musculaire fait que l'on supporte moins bien les traitements et que l'on a davantage de complications sous chimiothérapie. Grâce à l'activité cela diminue cela." En somme, l'activité physique améliore la capacité de chacun à mieux supporter les traitements et donc, in fine, l'efficacité du traitement. 

Et au-delà de ces bienfaits physiques, elle a des effets psychologiques indéniables. Après un cancer, il est très compliqué pour les femmes de se reconstruire physiquement, elles sont très fatiguées, leur corps a été abîmé… L'activité physique les aide à mieux contrôler la prise de poids, et améliore l'estime de soi, tout en diminuant la fatigue. "Quand on fait du sport, on sécrète des endorphines, donc cela diminue le stress. Après les traitements, les femmes ont par ailleurs un sentiment d'abandon et une perte d'estime d'elle-même, l'activité physique contribue à diminuer l'anxiété." 

Dynamique de groupe. Depuis 2012, l'Institut Curie propose à ses patientes de participer au programme d'activité physique adaptée Activ'. Le programme, qui s'étale sur 3 mois, à raison d'une séance par semaine, propose également un volet diététique car les deux approches sont complémentaires. Le programme débute par un bilan individuel pour évaluer les habitudes de vie et les capacités physiques. "On propose des exercices, des étirements, un renforcement musculaire... L'idée étant de retrouver ses capacités physiques dans un contexte ludique et de groupe. Au bout des 12 semaines, un bilan final individualisé permet de faire le point et d'expliquer l'importance de continuer l'activité sur le long terme, souligne Claude Boiron. Le retour de ces femmes est très positif : elles sont enchantées et apprécient d'avoir pu rencontrer d'autres femmes qui vivent la même chose qu'elles, d'ailleurs ce sont des liens qui perdurent souvent après le programme." Reste la question de savoir si elles continuent aussi de pratiquer une activité physique. "Cela fait actuellement l'objet d'une étude, dont les résultats seront bientôt livrés. On aimerait en effet savoir combien poursuivent une activité physique un an après."

D'autres centres de lutte contre le cancer, associations, etc. proposent des activités physiques sur le territoire, mais elles demeurent disparates en termes d'offre, de prise en charge et de qualité des activités proposées, observe l'oncologue. "Ce qui est important, c'est de pratiquer l'activité en groupe. Si c'est juste un self-service, cela présente moins d'intérêt."

L'activité physique sur ordonnance ? Depuis le 1er mars 2017, les médecins peuvent prescrire à leurs patients des séances d'activités physiques dispensées par des organismes labellisés. Elles sont réservées aux personnes souffrant d'affections de longue durée, telles que le cancer. Seul problème, elles ne sont toujours pas remboursées par la Sécurité sociale. Claude Boiron déplore qu'il n'y ait toujours pas de prise en charge et souligne des incohérences du décret. "Pour les patients qui ont le plus de séquelles, avec un handicap lourd, les séances sont prises en charge en partie par le masseur-kinésithérapeute, mais si la personne est fatiguée et qu'elle n'a pas de séquelle particulière, alors elle est orientée vers un professionnel de l'activité physique adaptée donc sans prise en charge..."

Où se renseigner ? 

  • En savoir plus sur le Programme Activ' de l'Institut Curie.
  • Ligue nationale contre le cancer : ses comités départementaux proposent des soins de supports, ligue-cancer.net
  • La vie autour partage un annuaire des associations qui proposent des soins de support lavieautour.fr