Comment combattre la résistance aux antibiotiques ? Lutte contre la résistance : la guerre à l'automédication est déclarée !

Avec l'application de bonnes habitudes et le respect de règles simples, chacun d'entre nous - patients et médecins - peuvent participer à limiter la progression des résistances. Un seul mot d'ordre : la parcimonie.

Diminuer le nombre de prescriptions
d'antibiotiques semble un bon début
pour lutter contre les résistances.
 © Kurhan - Fotolia.com

"Les antibiotiques, c’est pas automatique !" le slogan lancé en 2002 par l’Assurance Maladie française parle de lui-même, mais tarde à s’appliquer. Plus de dix ans plus tard, la France reste parmi les pays les plus consommateurs d’antibiotiques dans le monde. En effet, la surconsommation de ces médicaments serait de 40 % selon la Direction de la Recherche, des études, de l’évolution et des Statistiques (Drees) du Ministère de la Santé. 

Non à l'automédication. Première règle à s'imposer : ne jamais pratiquer d’automédication ! Ainsi, quand vous prenez des antibiotiques, prenez-les tout le temps du traitement, même si vos symptômes ont disparu avant la fin.

Et s'il vous reste des antibiotiques dans votre armoire à pharmacie ? Ne les donnez pas à un proche et ne les réutilisez pas pour une autre maladie. Un antibiotique est propre à une bactérie donnée. En outre, même s’ils vous avaient été prescrits pour des symptômes qui vous paraissent semblables, cette nouvelle maladie n’est peut-être pas bactérienne ! Enfin, n’hésitez pas à rapporter vos restes de médicaments à votre pharmacien !

Quelques idées reçues à combattre :

  • Les antibiotiques sont toujours efficaces contre la fièvre et la toux : Faux ! Elles peuvent être causées par un virus, insensible aux antibiotiques : c’est le cas de 70 à 90 % des infections quotidiennes !
  • Les antibiotiques permettent de diminuer les symptômes rapidement (fièvre, toux, maux de tête…) : Faux ! Pour diminuer ces symptômes, seuls les antidouleurs et les antipyrétiques feront effet. Pour la fièvre, si elle est due à une infection bactérienne, il faudra attendre environ 48h pour qu’elle chute, le temps que suffisamment de bactéries soient éliminées par l’antibiotique.
  • Une personne sous antibiotique n’est pas contagieuse : Faux ! Tant que la totalité des bactéries n’est pas éliminée, un risque de transmission existe.
  • Les antibiotiques préviennent toujours les complications : Faux ! Ils ne permettent pas d’éviter les surinfections.

Et s'il suffisait de ne pas (ou peu) être malade ? L’OMS préconise la prévention des infections pour qu’elles ne surviennent pas du tout, grâce à une meilleure hygiène (se laver régulièrement les mains à l’eau chaude et au savon), à la lutte contre les infections nosocomiales et à la vaccination qui permet de réduire les besoins en antibiotiques.

Moins de prescription, plus de prévention. Les médecins semblent avoire encore tendance à prescrire des antibiotiques lorsque les patients insistent : une attitude à proscrire ! Dans le cas de symptômes pouvant évoquer une infection bactérienne (fièvre, ganglions gonflés, abcès…) le médecin pourrait vérifier cette intuition en réalisant un bilan sanguin. Ce dernier permettrait à la fois d'agir plus précisément sur la maladie, et d'éviter les prises inutiles d'antibiotiques.

Autre terrain d’action : l’industrie agroalimentaire et les élevages où les antibiotiques sont largement utilisés pour limiter les risques sanitaires. En France, le Ministère de l’agriculture a lancé en 2001 le plan Ecoantibio qui prévoit de diminuer de 25 % l’usage des antibiotiques vétérinaires d’ici 2017, en passant notamment par plus de vaccinations dans les élevages et un renforcement des mesures d’hygiène. Autre solution : le passage à l’élevage biologique moins intensif car qui dit réduction de la concentration des animaux dit aussi réduction des risques infectieux !

Elargir la lutte à toute la planète. Pour assurer la mise en place de ces nombreuses mesures, l'OMS a proposé un plan d'action mondial lors de la 68e Assemblée Mondiale de la Santé qui s'est réuni à Genève le 26 mai 2015. L'objectif : faire adhérer un maximum de gouvernements à des plans nationaux, qui passent notamment par des campagnes d'information et de sensibilisation.

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