Gardasil : "je regrette de ne pas avoir été informée des risques avant de faire vacciner ma fille"

Quinze mois après le dépôt d'une plainte groupée contre le Gardasil au Tribunal de grande instance de Paris, les familles attendent et espèrent la nomination d'un Juge d'instruction. La maman de l'une des jeunes filles qui porte plainte contre ce vaccin ne cache pas son impatience. Elle aimerait avoir des réponses et obtenir enfin une reconnaissance. Interview.

Gardasil : "je regrette de ne pas avoir été informée des risques avant de faire vacciner ma fille"
© Adam Gregor - Fotolia.com

Comme tant d'autres mamans avant et après elle, Gisèle Cazellas a fait vacciner sa fille Julie contre le papillomavirus. A l'époque, on est en 2008, elle croit bien faire, et surtout personne n’évoque avec elle la question des effets secondaires. Pourtant, sa fille déclare une maladie de Verneuil seulement 15 jours après avoir été vaccinée.

Votre fille Julie a été vaccinée par le Gardasil en février 2008. Que s'est-il passé par la suite ?
Pile 15 jours après l’injection du vaccin, ma fille a développé un premier abcès sous l'aisselle. Dans un premier temps, elle a été traitée avec des antibiotiques. Mais l’abcès a grossi et est devenu très douloureux. Elle a donc été hospitalisée une journée pour être opérée. Sauf qu'une semaine après, un autre abcès est apparu sur l’autre bras, l'obligeant à être de nouveau opérée. C'est à ce moment-là que le chirurgien a compris que ce n’était pas normal et nous a adressé à un dermatologue, qui a tout de suite diagnostiqué une maladie de Verneuil. Par la suite, ma fille a encore subi des opérations, sous le bras, au niveau du coccyx, etc. Au total, elle a été opérée sept fois, dont deux fois pour des kystes.

Vous avez déclaré la maladie de Verneuil à votre centre de pharmacolvigilance. Que vous a-t-on répondu ?
Oui, j'ai très rapidement signalé la maladie de Verneuil de ma fille, avec mon médecin généraliste. Mais, dans la lettre adressée par la pharmacovigilance, on m'a répondu que cette pathologie n'était pas répertoriée comme effet indésirable du vaccin Gardasil et qu’ils n’avaient jamais eu de cas similaires.

Aujourd’hui, comment va votre fille ?
Elle a des soins infirmiers à domicile tous les quatre jours. C’est douloureux, pénible et contraignant. Elle ne peut pas travailler, elle n’a pas vie de sociale, pas de vie privée… C’est une maladie très handicapante à la fois physiquement et moralement.

Et vous ?
C’est dur pour moi aussi. J’ai développé une maladie de Crohn quelques mois après que ma fille a déclaré sa maladie de Verneuil. Selon les médecins, c’est lié à un choc psychologique… J’ai aussi arrêté toute activité. Donc l’impact est énorme sur notre vie.

Pourquoi portez-vous plainte ?
Je pense qu’il y a clairement un problème d’information et de prévention par rapport à cette vaccination. Je ne suis pas du tout anti-vaccin mais j’aurais voulu qu’on me dise : attention, il peut y avoir des risques. On est vraiment mal informé. Quand le vaccin est arrivé, mon médecin de famille, m’a conseillé d’attendre d’en savoir davantage avant de faire vacciner ma fille parce qu’il ne le connaissait pas, il a donc été prudent. Et puis, au bout d’un an, il m’a finalement conseillé de faire ce vaccin. Cette plainte c’est pour tout ce manque d’information, voire de désinformation. Nos enfants ne sont pas des cobayes !

La procédure judiciaire prend du temps. Quel est votre état d’esprit actuellement ?
On est lassées. On sait que le dossier n’est pas à la poubelle, mais on attend une réponse de la justice et cela ne vient pas. On a juste envie que nos filles soient traitées comme des êtres humains et que l'on s’intéresse à elles. Or pour le moment, j'ai l’impression que nos gamines sont négligées, voire oubliées… On a aussi besoin d’une reconnaissance afin de ne plus être montrées du doigt. Le monde médical est particulièrement dur vous savez… On est souvent prises pour des hystériques !