Deux tiers des cancers seraient dus au hasard

Selon un modèle statistique mis au point par des chercheurs américains, le facteur "pas de chance" aurait une plus grande place qu’on ne le pensait jusqu’alors dans l’apparition des tumeurs. Explications.

Deux tiers des cancers seraient dus au hasard
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Et si vos bonnes résolutions d’arrêter de fumer pour vous protéger du cancer étaient finalement illusoires ? Si le hasard et la malchance jouaient un rôle plus important que le mode de vie et l’hygiène dans l'apparition des tumeurs ? C’est la question posée par des chercheurs de l’université américaine Johns Hopkins et publiée dans le magazine Science du 2 janvier. Ils concluent que deux tiers des cancers seraient dûs à des mutations aléatoires de l’ADN au moment des divisions cellulaires. Autrement dit, au hasard. Seul le tiers restant serait attribuable aux facteurs génétiques et environnementaux (tabac, alcool, exposition aux UV, etc.). "Cette étude montre que vous pouvez accroître vos risques d'avoir un cancer en fumant ou avec d'autres mauvaises habitudes de vie", souligne l'un des auteurs, Bert Vogelstein. "Malgré tout, de nombreuses formes de cancer sont largement dues à un manque de chance et à une mutation d'un gène qui provoquera un cancer, sans aucune relation avec le mode de vie ou des facteurs héréditaires", ajoute-t-il. Qui plus est, les personnes qui vivent longtemps tout en fumant ou en s'exposant au soleil sans protections particulières, sans avoir de cancer, n'ont pas forcément de "bons gènes", explique-t-il encore : "La vérité est que la plupart d'entre eux ont simplement beaucoup de chance". En conclusion, changer ses habitudes de vie n'est pas efficace pour tout le monde. "On devrait mobiliser davantage de ressources pour trouver des moyens de détecter ces types de cancers aléatoires à un stade précoce, soignable", soulignent enfin les auteurs.

Céder à la fatalité ? Doit-on pour autant continuer à fumer ou s’exposer au soleil sans protection ? La réponse est évidemment : non. D’abord, précisons que l’étude exclut le cancer du sein, le plus fréquent chez les femmes, et le cancer de la prostate, le deuxième cancer masculin. Leur prise en compte aurait sans doute modifié les conclusions de l’étude.  

Ne pas lâcher sur la prévention. En cette période de bonnes résolutions, la prévention est plus que jamais indispensable pour faire reculer le cancer. Modifier son mode de vie pour diminuer ses risques est utile, notamment en évitant de fumer, en mangeant équilibré et en pratiquant une activité physique régulièrement. De plus, si cette étude nous apprend que le facteur "malchance" peut intervenir malgré une bonne hygiène de vie, la meilleure façon de ne pas être passif, demeure la prévention afin d’éviter de passer à côté des cancers. Le suivi gynécologique (mammographies, frottis) est notamment indispensable pour détecter les cancers au plus tôt et ainsi pour améliorer les chances de guérison.