Les médicaments dangereux à écarter selon Prescrire en 2020

La revue médicale indépendante Prescrire met à jour sa liste des médicaments à "écarter pour mieux se soigner". Au total, 105 traitements y figurent dont 92 commercialisés en France. Parmi eux : le sirop Maxilase contre le mal de gorge, le Smecta contre les diarrhées, le sirop Vicks contre la toux sèche...

Selon la revue médicale indépendante Prescrire, 92 médicaments actuellement autorisés en France sont "plus dangereux qu'utiles". Dans son huitième bilan annuel des "médicaments à écarter pour mieux soigner", elle recense 105 médicaments dont 92 commercialisés en France dont la balance bénéfices-risques est défavorable dans toutes les situations cliniques pour lesquelles ils sont autorisés. Soit 10 médicaments de plus en comparaison à l'édition de février 2019. 

Pour cette nouvelle édition, Prescrire a établi sa liste à partir des données publiées sur les médicaments entre 2010 et 2019. "Il s'agit d'analyses de nouvelles spécialités pharmaceutiques, de nouvelles indications, de suivis d'évaluation, tant sur les effets indésirables que sur les données d'efficacité, et parfois de réactualisations de données concernant certains effets indésirables d'un médicament" précisent les auteurs. On y trouve ainsi :

  • Des médicaments actifs, mais qui exposent à des risques disproportionnés par rapport aux bénéfices qu'ils apportent. 
  • Des médicaments anciens dont l'utilisation est dépassée, car d'autres médicaments plus récents ont une balance bénéfices-risques plus favorable.
  • Des médicaments récents, dont la balance bénéfices-risques s'avère moins favorable que celle de médicaments plus anciens.
  • Des médicaments dont l'efficacité n'est pas prouvée au-delà d'un effet placebo, et qui exposent à des effets indésirables particulièrement graves.

Pour chaque médicament, la revue propose des alternatives quand elles existent. "Parfois, il s'agit d'une situation clinique, grave ou non, pour laquelle aucun autre traitement avec une balance bénéfices-risques favorable n'est connu, et nous le mentionnons aussi."

"Il n'y a pas de raison valable pour ces médicaments restent autorisés"

12 nouveaux médicaments à écarter

Parmi les évolutions autour du bilan 2020 en comparaison au dernier publié en février 2019 :

  • l'arrêt de la commercialisation de la méphénésine (Décontractyl®), un myorelaxant.
  • l'ajout de 12 médicaments à écarter "car les effets indésirables auxquels ils exposent sont disproportionnés par rapport à leur faible efficacité ou à la bénignité de la situation clinique dans laquelle ils sont autorisés" : Alpha-amylase (Maxilase® ou autre) dans les maux de gorge, le Ginkgo Biloba (Tanakan® ou autre) dans les troubles cognitifs chez les patients âgés, le naftidrofuryl (Praxilène® ou autre) dans la claudication intermittente ischémique liée à une artériopathie des membres inférieurs ; le pentosane polysulfate oral (Elmiron®) dans le syndrome de la vessie douloureuse, la pentoxyvérine (Vicks® sirop pectoral 0,15 %° ; Clarix® toux sèche pentoxyvérine 0,15 %°) dans la toux, le ténoxicam (Tilcotil®), un anti-inflammatoire non stéroïdien ; la xylométazoline® un décongestionnant rhinopharyngé disponible en Belgique, Suisse et dans d'autres pays. La contamination par du plomb des argiles médicamenteuses utilisées dans divers troubles intestinaux dont les diarrhées justifie de les écarter des soins : l'attapulgite (Actapulgite®, ou en association dans Gastropulgite®), la diosmectite (Smecta® ou autre), l'hydrotalcite (Rennieliquo®), la montmorillonite beidellitique alias monmectite (Bedelix®, ou en association dans Gelox®) et le kaolin (en association dans Gastropax® et Neutroses®).
  • le retrait du sélexipag (Uptravi©), un traitement de l'hypertension artérielle pulmonaire dont la balance bénéfice-risque est en cours de réévaluation "avec un risque non exclu que ce médicament hâte la mort de certains patients au cours des premiers mois de traitement".

"Outre la démarche active des soignants pour écarter ces médicaments de leur panoplie thérapeutique, les autorités de santé ont aussi à prendre des dispositions concrètes qui protègent les patients", estime la revue Prescrire pour qui "il n'y a pas de raison valable pour que ces médicaments plus dangereux qu'utiles restent autorisés."

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