Kyste ovarien : symptômes, cause, ventre gonflé, dangereux ?

Kyste ovarien : symptômes, cause, ventre gonflé, dangereux ?

Un kyste à l'ovaire (ou kyste ovarien) est bénin et régresse naturellement dans 90% des cas. Mais parfois une opération pour l'enlever est nécessaire. Symptômes, cause d'apparition, évolution, complications, diagnostic, traitement : éclairage avec notre gynécologue.

Un kyste de l'ovaire (ou kyste ovarien) est une petite grosseur anormale contenant du liquide. Un seul ovaire ou les deux peuvent être touchés. D'après les chiffres de l'Assurance maladie5 à 7 % des femmes pourraient développer un kyste ovarien dans leur vie. Le kyste ovarien est fonctionnel (dû à un "dérèglement hormonal") et régresse spontanément dans 90 % des cas, ou organique (qui se développe à partir d'un tissu ovarien) et ne régresse pas dans 10% des cas. Quels sont les symptômes d'un kyste à l'ovaire ? Est-ce qu'un kyste ovarien est dangereux ? Quand s'inquiéter ? Comment se soigner ? Eclairage médical. 

Définition : c'est quoi un kyste ovarien ?

Un kyste est une cavité pathologique située dans un organe ou dans un tissu, qui contient une substance liquide ou molle. Le kyste ovarien est une pathologie féminine fréquente le plus souvent bénigne qui peut toucher toutes les femmes à tout âge. Entre 5 et 7% des femmes vont développer au moins une fois dans leur vie un kyste ovarien. On distingue deux types de kystes :

► Le kyste ovarien fonctionnel (90% des cas)

► Le kyste ovarien organique (10% des cas)

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Kyste à l'ovaire © Vectoressa - stock.adobe.com

C'est quoi un kyste ovarien fonctionnel ?

"Les femmes jeunes en âge de procréer sont davantage touchées par les kystes fonctionnels que les femmes plus âgées", indique le Dr Pia de Reilhac, gynécologue à Nantes et présidente de la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale (FNCGM). Les kystes dits fonctionnels sont liés au cycle menstruel de la femme et au fonctionnement de l'ovaire. Dans les ovaires, les ovules sont contenus dans ce qu'on appelle les follicules. On compte un ovule par follicule. Tout au long du cycle menstruel, ces petits sacs grossissent. Au moment de l'ovulation, le follicule le plus mature est sélectionné et expulse l'ovule dans les trompes. Le follicule qui vient d'ovuler se transforme alors en corps jaune qui régresse jusqu'à la fin du cycle puis disparaît. Mais il arrive parfois qu'un follicule n'ovule pas et continue à grossir (il peut atteindre 5 cm de diamètre) ou alors que le corps jaune se maintienne au lieu de régresser. Des évolutions inhabituelles qui aboutissent à la formation d'un kyste ovarien fonctionnel. "Dans 90% des cas, ce kyste disparaît seul en deux mois environ", souligne le Dr Pia de Reilhac. A la ménopause, il n'y a plus d'ovulation. Les risque de kystes fonctionnels sont donc très faibles.

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Anatomie d'un kyste ovarien © gritsalak - stock.adobe.com

C'est quoi un kyste ovarien organique ?

"Plus on avance en âge, plus le risque de kystes organiques augmente", précise la spécialiste. Ces tuméfactions se forment à partir du tissu de l'ovaire. Ils peuvent grossir et ne régressent pas spontanément. Si la majorité de ces lésions sont bénignes, environ 10% sont dits "borderline" ou cancéreux (pouvant évoluer en cancer de l'ovaire). Il en existe plusieurs types mais les plus fréquents sont :

Les kystes séreux. Ils contiennent un liquide comme de l'eau. Ce sont les plus fréquents.

► Les kystes mucineux qui renferment du mucus.

► Les kystes dermoïdes qui peuvent présenter des poils, des dents, des petits os... Ils se développent à partir des cellules immatures destinées à devenir les ovules. Ils sont plus répandus chez les jeunes femmes.

Les kystes endométriosiques. Ils sont liés à l'endométriose, une maladie chronique de l'endomètre (le tissu qui tapisse la cavité utérine). Celle-ci est caractérisée par la prolifération de l'endomètre en dehors de l'utérus. Il peut se propager de façon anarchique sur la vessie, les intestins mais aussi dans les ovaires. 

Quelle différence entre un kyste ovarien et un SPOK ?

Ces deux types de kystes sont à différencier du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) dont souffrent entre 5 et 10 % des femmes en âge de procréer. Ce trouble est lié à une production excessive d'androgènes (hormones mâles comme la testostérone) qui perturbent la croissance des follicules et des ovules. Les ovaires augmentent de volume et contiennent de nombreux petits follicules pas assez matures pour ovuler. Les femmes ont donc des cycles très irréguliers, voire une absence totale d'ovulation. Elles peuvent également présenter de l'acné et une forte pilosité.

Quelle est la cause d'apparition d'un kyste ovarien ?

Parmi les causes des kystes fonctionnels, il y a :

  • Le fonctionnement normal des ovaires (influencé par les sécrétions hormonales du cycle menstruel)
  • La prise de médicaments stimulants ovariens utilisés lors d'une procréation médicament assistée (PMA). Dans ce cas, plusieurs kystes peuvent coexister.
  • L'administration de tamoxifène (un anti-cancéreux parfois prescrit après un cancer du sein)
  • La pose d'un stérilet hormonal contenant du lévonorgestrel (chez 12 à 30 % des femmes, dans les premiers mois suivant la pose)
  • La prise de certaines pilules, notamment les microdosées

Parmi les causes des kystes organiques, il y a :

  • Des causes dépendantes de la nature de la tuméfaction
  • L'endométriose
  • La persistance de cellules immatures dans l'ovaire.

Quels sont les symptômes d'un kyste à l'ovaire ?

Un kyste de l'ovaire peut rester asymptomatique ou provoquer des symptômes. Quand il est symptomatique, la présence d'un ou plusieurs kystes ovariens peut se manifester par :

  • Des cycles menstruels longs et irréguliers
  • Des saignements en dehors des règles
  • D'une envie fréquente d'uriner si le kyste exerce une pression sur la vessie
  • Des troubles digestifs si le kyste appuie sur l'intestin
  • Des douleurs dans le bas du ventre, notamment une pesanteur ressentie d'un seul côté
  • Des douleurs qui peuvent devenir beaucoup plus intenses et brutales si le kyste provoque une torsion de l'ovaire ou s'il se rompt.

Est-ce qu'un kyste ovarien est dangereux ? Quand s'inquiéter ?

Les kystes de l'ovaire sont le plus souvent bénins et régressent spontanément en moins de deux mois. Environ 10% sont dits "borderline" ou cancéreux. Une prise en charge adaptée sera donc nécessaire. Qu'il soit fonctionnel ou organique, le kyste peut avoir des complications : le kyste peut saigner (hémorragie intra-kystique), se tordre (torsion du kyste), se rompre (rupture du kyste), ou encore s'infecter (abcès ovarien). Il convient donc de consulter rapidement un médecin.

Comment pose-t-on le diagnostic d'un kyste à l'ovaire ?

A l'échographie, si le kyste a disparu alors il était fonctionnel, sinon il s'agit d'un kyste organique. 

Comme le kyste ovarien est le plus souvent asymptomatique, on le découvre fortuitement lors d'un examen clinique ou d'une échographie abdomino-pelvienne pour un autre motif. Lors de la consultation, le médecin traitant (ou gynécologue) interroge la patiente sur ses symptômes et sur ses éventuels traitements en cours. Il note aussi la date de ses dernières règles. Puis, il l'examine (palpation abdominale, examen gynécologique). Il peut réaliser un frottis utérin. Plusieurs examens complémentaires permettent de confirmer le diagnostic de kyste de l'ovaire. "Le diagnostic repose ensuite sur l'échographie abdomino-pelvienne. Cet examen permet d'observer les kystes et décrire leur aspect, et ainsi déterminer s'ils sont fonctionnels ou organiques", explique le Dr de Reilhac. Cet examen peut être réalisé par voie endovaginale (sonde insérée dans le vagin) ou par voie abdominale (sonde déplacée sur le ventre). En cas de doute, une échographie peut être programmée 3 mois plus tard : si le kyste a disparu alors il était fonctionnel, sinon il s'agit d'un kyste organique. Un bilan sanguin peut aussi être nécessaire.

Pour résumé, le diagnostic d'un kyste à l'ovaire nécessite :

  • Un examen clinique (avec interrogatoire de la patiente, palpation et examen gynécologique, parfois un frottis)
  • Une échographie abdomino-pelvienne (par voie endovaginale ou par voie abdominale)
  • Une échographie (en cas de doute)
  • Un bilan sanguin (parfois)
  • Une IRM (dans des situations particulières : kyste volumineux, suspicion d'endométriose...

Quel traitement pour soigner un kyste à l'ovaire ?

Dans le cas d'un kyste fonctionnel, aucun traitement n'est prescrit pour le faire disparaître. Une simple surveillance par échographie est mise en place pour s'assurer que ces masses anormales disparaissent spontanément, généralement en moins de 2 mois. "Chez les femmes fréquemment touchées, on peut prescrire la pilule pour réguler le cycle hormonal et éviter l'ovulation, et ainsi prévenir l'apparition des kystes fonctionnels", indique le Dr Pia de Reilhac. Un contrôle sera effectué par le gynécologue pour vérifier sa disparition par échographie. Le traitement d'un kyste organique repose sur la chirurgie. 

Quand envisager une opération d'un kyste à l'ovaire ?

► Pour un kyste fonctionnel, on peut envisager une opération si le kyste persiste plus de 3 cycles menstruels (soit 3 mois environ), si son allure change ou que des douleurs intenses apparaissent. "Toutefois, on fait de moins en moins appel à la chirurgie afin de préserver les réserves ovariennes des femmes jeunes, en particulier celles qui n'ont pas eu d'enfant", souligne la gynécologue.

► Pour un kyste organique, l'ablation chirurgicale du kyste (kystectomie ovarienne) ou de l'ovaire (ovariectomie) peut être nécessaire pour écarter toute suspicion de cancer. Cette opération est généralement réalisée par cœlioscopie ou endoscopie, une méthode chirurgicale réalisée sans ouvrir le ventre

Merci au Dr Pia de Reilhac, gynécologue à Nantes et présidente de la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale (FNCGM).