L'Académie de médecine favorable à l'autoconservation d'ovocytes

Afin de pallier les conséquences de l'infertilité liées à l'âge et éviter que les femmes se rendent dans des pays étrangers, l'Académie de médecine souhaite les autoriser à prélever et conserver leurs propres ovocytes.

L'Académie de médecine favorable à l'autoconservation d'ovocytes
© adamgregor - 123rf

En France et depuis 2011, seules les femmes atteintes de maladies graves, pouvant compromettre leur volonté de devenir mères, sont autorisées à prélever et conserver leurs propres ovocytes en vue d'une future grossesse, grâce à la vitrification de leurs ovules. Cette pratique est particulièrement encadrée, mais depuis quelques années, les femmes sans enfants ont été autorisées à prélever leurs ovocytes, à condition d'en faire don en priorité, et d'en garder ainsi une partie pour elles-mêmes. A cause de ces contraintes, la plupart des femmes partent à l'étranger, notamment en Grande-Bretagne, en Espagne, en Italie ou en République tchèque.

Dans un rapport publié ce 19 juin 2017, l'Académie de Médecine se prononce en faveur de l'autoconservation des ovocytes (54 voix pour, 12 voix contre et 22 abstentions) et dénonce le "chantage" lié au don. "Il faut en effet au moins 15-20 ovocytes vitrifiés pour raisonnablement espérer une grossesse plus tard. La nouvelle réglementation, en faisant du don un préalable obligatoire à l'autoconservation, exige de doubler le nombre d'ovocytes recueillis, passant de 15-20 à 30-40. Elle conduit ainsi à multiplier indûment, deux peut-être trois fois, les cycles de stimulation et de recueil des ovocytes, un défi qui semble insurmontable quel que soit l'engagement de ces jeunes femmes", précisent les scientifiques.

S'adapter à l'évolution de la société. L'Académie de Médecine considère par ailleurs que les femmes doivent pouvoir s'adapter à notre société, dans laquelle les grossesses sont de plus en plus tardives, alors que "la fertilité naturelle chute progressivement à partir de 35 ans, et nettement à partir de 40 ans", précise le rapport. Pour autant, la plupart des femmes, qui ont recours à la conservation d'ovocytes, le font principalement en raison de l'absence de partenaire, et non pour privilégier leur carrière professionnelle, contrairement aux idées reçues. Pour l'institution, l'autoconservation d'ovocytes permettrait en outre d'éviter les échecs de FIV à l'avenir, ainsi que les demandes de dons. Enfin, l'Académie de Médecine, dont le vote est consultatif, souhaite que les femmes soient clairement informées du coût de cette pratique, des conditions, des risques de complications et d'échecs. Rappelons que le Comité consultatif national d'éthique doit se prononcer d'ici fin juin sur l'accès à la PMA, notamment pour les femmes homosexuelles.