Congeler ses ovocytes : en France, prix, âge, comment ?

Congeler ses ovocytes : en France, prix, âge, comment ?

Depuis la loi de bioéthique d'août 2021, les femmes qui souhaitent congeler leurs ovocytes pour recourir plus tard à la PMA peuvent le faire sans raison médical. Des limites d'âge ont été fixées. Comment ça se passe ? Combien ça coûte ? Est-ce remboursé ? Guide pratique avec le Dr Françoise Merlet, médecin à l'Agence de la biomédecine.

L'ovocyte est le nom donné à la cellule sexuelle de la femme. La formation des ovocytes se déroule au sein des follicules situés dans l'ovaire. Du processus de maturation et de division de l'ovocyte, effectué au sein de l'ovaire, naît l'ovule. En France, les conditions pour congeler ses ovocytes ont changé avec la loi de bioéthique du 2 août 2021. Désormais, la femme qui souhaite recourir personnellement à la PMA plus tard peut procéder à une congélation de ses ovocytes sans invoquer de motif médical. D'autres conditions ont été actualisées. Comment ça se passe ? Pour quelles femmes ? Quel est l'âge limite de conservation ? Le prix et le remboursement ?

Quelles sont les conditions en France en 2021 ?

Depuis la loi de bioéthique du 2 août 2021l'autoconservation des gamètes en dehors de tout motif médical, devient possible pour les femmes et pour les hommes. Jusqu'ici une femme ne pouvait avoir recours à la congélation de ses propres ovocytes, sauf nécessité médicale. Un décret du 28 septembre 2021 a fixé les conditions d'âge limite : le prélèvement d'ovocytes peut être réalisé chez la femme à compter de son 29e anniversaire et jusqu'à son 37e anniversaire pour bénéficier de l'autoconservation de ses gamètes en vue de la réalisation ultérieure d'une assistance médicale à la procréation.

► L'activité est en principe réservée aux établissements de santé publics et privés à but non lucratif. 

► Les actes liés au recueil ou au prélèvement des gamètes seront remboursés mais pas le coût de la conservation.

► Le recueil du consentement du conjoint du donneur de gamètes est supprimé.

► Le recueil, le prélèvement et la conservation sont subordonnés au consentement écrit de l'intéressé, recueilli par l'équipe clinicobiologique pluridisciplinaire après information sur les conditions, les risques et les limites de la démarche et de ses suites.

►La personne dont les gamètes sont conservés est consultée chaque année civile. Elle consent par écrit à la poursuite de cette conservation.

Quel est l'âge limite ?

Quand on conserve des ovocytes, c'est en vue de réaliser ultérieurement une assistance médicale à la procréation (AMP). On rentre donc dans le cadre de la loi de l'accès à l'AMP. Selon le décret du 28 septembre 2021, le prélèvement d'ovocytes peut être réalisé chez la femme à compter de son 29e anniversaire et jusqu'à son 37e anniversaire pour bénéficier de l'autoconservation de ses gamètes en vue de la réalisation ultérieure d'une assistance médicale à la procréation. "Les chances de grossesse dépendent essentiellement de l'âge auquel les ovocytes ont été recueillis, au mieux avant 35 ans" soulignait l'Académie nationale de Médecine dans un rapport de 2017.

Comment congeler ses ovocytes ?

schéma de l'ovaire
Schéma d'ovaire en coupe montrant le développement des follicules jusqu'à l'expulsion de l'ovule dans la trompe © 123rf-rob3000

"La congélation ovocytaire est une technique permettant de préserver la fertilité, elle se fait par vitrification [congélation ultrarapide qui, après incubation dans une solution cryoprotectrice consiste à plonger les ovocytes directement dans l'azote liquide à - 196°C]" précise le Dr Françoise Merlet, médecin référent AMP à l'Agence de la biomédecine. En congelant ses ovocytes, la femme peut suspendre son horloge biologique : la capacité de procréation avec les ovocytes congelés sera (quasiment) la même qu'avec des ovocytes non congelés. Lorsqu'un recueil d'ovocytes par ponction a lieu dans le cadre d'une procédure d'assistance médicale à la procréation, il peut être proposé de réaliser dans le même temps une autoconservation ovocytaire.

► Le premier rendez-vous permet d'étudier la situation de la patiente et ses chances de réussite ainsi que les risques présentés par la stimulation ovarienne et le prélèvement ovocytaire. Des tests médicaux comme une prise de sang, une échographie et des tests gynécologiques sont réalisés pour contrôler l'état de fertilité et la faisabilité de l'autoconservation ovocytaire. 

► La stimulation ovarienne peut commencer, via des injections sous-cutanées quotidiennes pendant 9 à 10 jours (elle doit débuter le deuxième jour des règles), afin de booster la production et la maturation des ovocytes. Pour s'assurer du bon déroulement du traitement, 3 ou 4 prises de sang ou échographies peuvent être programmées.

► Deux jours après la dernière échographie vient le moment de la ponction : il s'agit d'un prélèvement de plusieurs ovocytes sous anesthésie générale ou loco-régionale. Après une journée d'hospitalisation, la patiente peut rentrer chez elle. Les ovocytes sont ensuite congelés et conservés. 

Combien de temps ?

Selon la loi de bioéthique du 2 août 2021, la personne dont les gamètes sont conservés est consultée chaque année civile. Elle consent par écrit à la poursuite de cette conservationSi elle ne souhaite plus poursuivre cette conservation ou si elle souhaite préciser les conditions de conservation en cas de décès, elle consent par écrit :

  • A ce que ses gamètes fassent l'objet d'un don ;
  • A ce que ses gamètes fassent l'objet d'une recherche ;
  • A ce qu'il soit mis fin à la conservation de ses gamètes.

Dans tous les cas, ce consentement est confirmé à l'issue d'un délai de réflexion de trois mois à compter de la date du premier consentement. L'absence de révocation par écrit du consentement dans ce délai vaut confirmation. Le consentement est révocable jusqu'à l'utilisation des gamètes ou jusqu'à ce qu'il soit mis fin à leur conservation. En l'absence de réponse durant 10 années civiles consécutives de la personne dont les gamètes sont conservés et en l'absence du consentement, il est mis fin à la conservation. En cas de décès de la personne et en l'absence du consentement, il est mis fin à la conservation des gamètes.

"Ce n'est jamais une garantie de réussite de grossesse"

Quelle est l'efficacité ? 

"Aucune des techniques d'assistance médicale à la procréation comme l'autoconservation des ovocytes n'est une solution magique. Ce n'est jamais une garantie de réussite de grossesse et il ne faut pas que ce soit un argument pour retarder un projet de grossesse, d'autant plus qu'on sait que la fertilité baisse progressivement à partir de 35 ans, et nettement après 40 ans" insiste le Dr Merlet. Rappelons que cette technique n'assure pas d'avoir un bébé à 100 %. 

Quels sont les risques pour la santé ?

On craint donc que la vitrification ovocytaire incite les femmes à démarrer une grossesse tardivement avec tous les risques maternels et fœtaux des grossesses tardives. Plus la femme est enceinte à un âge avancé, plus elle a de risques de faire un diabète gestationnel, une hypertension de grossesse qui peut conduire à une pré-éclampsie ou une éclampsie, une thrombose ou d'autres pathologies cardiovasculaires... L'enfant à venir a, quant à lui, des risques de présenter une hypotrophie ou un retard de croissance. Par ailleurs, les risques de fausse couche sont beaucoup plus fréquents après 40 ans. Cette augmentation des risques est progressive et est plus importante chez les femmes primipares. 

Quel prix ?

Pour congeler ses ovocytes, il faut compter entre 2 000 et 3 000 euros pour la stimulation ovarienne, les dosages hormonaux, les échographies, le prélèvement des ovocytes, l'anesthésie et l'hospitalisation puis la congélation des ovocytes prélevés. En fonction du dossier et des besoins de la patiente, certains frais peuvent s'ajouter (analyses, examens et techniques supplémentaires...).

Est-ce remboursé ?

Les actes liés au recueil ou au prélèvement des gamètes sont remboursés mais pas le coût de la conservation. Pour éviter toute pression sur les femmes salariées, pour les conduire à différer un projet de maternité, les parlementaires ont prévu l'interdiction pour les employeurs de proposer la prise en charge des frais d'autoconservation de gamètes.

Merci au Dr Françoise Merlet, médecin à l'Agence de la biomédecine.