Le remboursement à 100% étendu aux femmes à risque élevé de cancer du sein

A l’occasion d’octobre rose, Marisol Touraine annonce la prise en charge complète des examens de dépistage pour les femmes les plus exposées au risque de cancer du sein.

Le remboursement à 100% étendu aux femmes à risque élevé de cancer du sein

Jusqu’à maintenant, les femmes âgées de 50 à 74 ans, sans antécédents, pouvaient bénéficier d’une mammographie gratuite tous les deux ans dans le cadre du dépistage organisé du cancer du sein. Leur risque de développer un cancer du sein étant considéré comme "moyen" et lié à leur âge. Mais paradoxalement, les femmes à risque "élevé", voire "très élevé", en raison d’antécédents familiaux ou personnels de cancer du sein notamment, donc devant passer des examens plus fréquents, ne bénéficiaient pas de prise en charge à 100%. Autrement dit, la prise en charge des actes de prévention des femmes les plus à risque était moindre. "Si votre mère a eu un cancer du sein et que vous n'avez pas encore 50 ans ou que vous avez plus de 74 ans, vous pouvez avoir besoin de davantage d'examens et dans ce cas-là vous n'êtes pas remboursée à 100%, ce qui est un peu contradictoire", a souligné Marisol Touraine ce matin sur iTélé.

Remboursement possible avant 50 ans et après 74 ans. A partir du printemps 2016, ce ne sera donc plus le cas, a annoncé ce matin la ministre de la Santé, à l’occasion du lancement de la campagne "Octobre rose". Toutes les femmes, ayant un risque élevé de développer un cancer du sein pourront donc elles aussi bénéficier d’un remboursement complet de leurs examens de dépistage par l’Assurance maladie, avec la fréquence recommandée par leur médecin et quel que soit leur âge. Seront ainsi concernées les femmes ayant besoin d’un accompagnement des examens avant 50 ans, après 74 ans, ou plus fréquents entre 50 et 74 ans. La priorité étant de détecter les tumeurs le plus tôt possible. Car rappelons-le, si près de 12 000 femmes meurent du cancer du sein chaque année en France, le pronostic vital s'améliore néanmoins grâce aux progrès thérapeutiques et au dépistage précoce : détecté tôt, le cancer du sein est guéri dans plus de 9 cas sur 10.

Dans le détail, la prise en charge du dépistage est élargie aux femmes présentant des antécédents personnels de cancer ou d’anomalies du sein, ou bien qui auraient eu une radiothérapie du thorax, notamment en cas de maladie de Hodgkin. Jusqu’à présent, dans cette catégorie, "seules les femmes ayant été touchées par un cancer peuvent bénéficier du dispositif "post ALD" qui permet une prise en charge à 100% des examens de surveillance nécessaires. Cependant, il est aujourd’hui insuffisamment utilisé. C’est pourquoi nous allons renforcer la communication sur cette prestation à l’attention des professionnels de santé et des femmes", a précisé Marisol Touraine. 

Autre catégorie de femmes concernées, celles dont le risque de développer un cancer est "très élevé", à savoir : les femmes qui ont une histoire familiale de cancer du sein ou de l’ovaire, mais aussi les femmes porteuses d’une mutation génétique BRCA1 ou BRCA2. "Une consultation d’oncogénétique est indiquée dans ce cas et ces femmes doivent bénéficier d’un suivi médical rapproché (tous les 6 mois ou annuel)", a encore souligné la ministre.

Mammographie : le taux de participation stagne. Comme les années précédentes, les femmes peuvent s'informer sur le cancer du sein en consultant le site Internet de l’Institut national du cancer (INCA) e-cancer.fr. Mais comment toucher ces femmes moins informées et éloignées des consultations ? Alors que le taux de participation au dépistage organisé demeure insuffisant, les femmes les plus éloignées des campagnes de dépistage, seront cette année davantage ciblées. L’objectif : toucher aussi les femmes les plus défavorisées, "mal à l’aise avec l’écrit" ou "d’origine étrangère", a déclaré Marisol Touraine. Des affichettes et dépliants gratuits et illustrés seront notamment diffusés.

Au-delà des inégalités sociales d’accès au dépistage organisé, la mammographie suscite aussi des peurs et inquiétudes, mais aussi des doutes, alimentés régulièrement par des études scientifiques, quant à son utilité. Le dépistage comportant en effet certaines limites, comme par exemple le surdiagnostic. Dans ce contexte de méfiance, Marisol Touraine lance aujourd'hui une concertation citoyenne et scientifique organisée par l’INCA. Une plateforme de contribution est donc ouverte dès maintenant et jusqu’au 15 mars à tous les citoyens hommes et femmes, patients, professionnels de santé, associations, institutions, etc. Un comité d’orientation, pluraliste et transparent de tout lien d’intérêt, composé de 20 professionnels de santé et de 20 femmes citoyennes, se chargera de rendre ses propositions dans un rapport final. "L’année prochaine, pour la saison 2016 "d’Octobre rose", nous vous présenterons ainsi une feuille de route pour faire évoluer la politique de dépistage", a encore précisé la ministre.

Le cancer du sein est le cancer féminin le plus fréquent : une femme sur 8 sera concernée au cours de sa vie par un cancer du sein. 

Le site de contributions en ligne : ouvert à tous, à l’adresse www.concertation-depistage.fr, à partir du 29 septembre, jusqu’au 15 mars.

EN SAVOIR PLUS : en partenariat avec notre partenaire l'Institut Curie, un dossier complet sur le cancer du sein

A VOIR : des dossiers, des interviews, des vidéos