Une femme sur trois a déjà eu recours à l'IVG

A l'occasion du 40e anniversaire de la loi Veil, l'Institut national d'études démographiques dresse un bilan chiffré de l’évolution des IVG en France entre 1975 et 2011.

Une femme sur trois a déjà eu recours à l'IVG
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Le 17 janvier 1975, la loi relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), dite loi Veil, dépénalisait le recours à l’avortement. Son remboursement par la Sécurité sociale en 1982, puis l’allongement du délai légal en 2001, ont participé à l'amélioration des conditions d’accès à l’IVG. "Après avoir diminué de 1975 à 1995, le recours à l’IVG a légèrement augmenté avant de se stabiliser à la fin des années 2000", résume l’Ined, dans un rapport statistique, compilant les données épidémiologiques entre 1975 et 2011. 

Alors que près de 210 000 avortements ont été recensés en France en 2011, voici ce qu’il faut retenir du rapport de l’Ined.

En 2011, 33 % des femmes ont eu recours à l’IVG au cours de leur vie, d’après les estimations de l’Ined. Celles qui se font avorter le font en moyenne 1,5 fois.

Les femmes qui avortent, le font plus souvent. Si l’Ined constate une baisse du recours à l’avortement, avec 0,53 IVG par femme en moyenne au cours de leur vie en 2011, contre 0,66 en 1975, l’étude souligne aussi l’augmentation "continue" de la proportion d’IVG dites "répétées". En effet, les femmes ayant déjà avorté le font plus souvent à plusieurs reprises, même si le phénomène reste "faible en France" puisque, en 2011, seulement "9,5 % des femmes ont recours deux fois à l’IVG, et 4,1 % trois fois ou plus au cours de leur vie". Mais, comme le précisent les auteurs de l'étude, il est possible que des IVG répétées aient pu être réalisées "hors du cadre de la loi, avant sa promulgation en 1975", et donc non déclarées dans les bulletins, ce qui expliquerait leur faible part  pour cette période. Néanmoins, l’Ined observe qu’après 1980, la part des IVG répétées, y compris au-delà de 2, a poursuivi sa progression. Cette tendance traduit sans doute la diversification croissante des comportements conjugaux et sexuels des femmes et "pour une part d’entre elles, au quotidien, l’usage de méthodes contraceptives insuffisamment adaptées à leur situation de vie".

Les femmes qui avortent ont en moyenne 27,5 ans. Si les naissances surviennent de plus en plus tard (aujourd’hui, les femmes ont leur premier enfant à 30 ans en moyenne), l’âge moyen à l’IVG a plutôt eu tendance à baisser entre 1975 et les années 2000.

Les femmes avortent en moyenne avant la 7e semaine de grossesse. On observe un raccourcissement des durées de grossesse au moment de l’IVG : 6,4 semaines en moyenne en 2011, contre 7,1 en 2002 et 6,8 en 1990. La loi de 2001 qui a allongé la durée maximale de grossesse pour une IVG à 12 semaines, contre 10 auparavant, n’a donc eu pour effet "ni un allongement durable de la durée moyenne de grossesse au moment de l’IVG, ni une augmentation du recours à l’IVG", nous enseigne ce rapport. A l’inverse, la diffusion de l’IVG médicamenteuse à partir de 2004 a favorisé le raccourcissement des délais.

Plus de 50 % des IVG sont médicamenteuses. Depuis 2008, cette forme d’IVG est la plus fréquente. Elle représentait ainsi plus de la moitié (55 %) des IVG en 2011.