Comment éviter une infection urinaire ?

L'infection urinaire est une inflammation de la vessie courante chez la femme, qui se manifeste par des envies fréquentes d'uriner et des brûlures. Comment l'éviter après un rapport ? Naturellement ? Hygiène, probiotique, cranberry... Conseils du Dr Isabelle Tostivint, néphrologue.

Comment éviter une infection urinaire ?
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L'infection urinaire est une inflammation de la vessie qui touche plus souvent les femmes que les hommes. Elle est principalement due à une infection bactérienne (la bactérie Escherichia Coli) et se manifeste par des envies fréquentes d'uriner et des brûlures quand on urine. Probiotiques, cranberry, règles d'hygiène, fréquence des mictions, tampons... Voici 10 astuces pour la prévenir et limiter les récidives avec le Dr Isabelle Tostivint, néphrologue à l'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. 

Aller faire pipi toutes les 3 heures

Boire suffisamment d'eau - idéalement entre 1.5 et 2 L par jour - permet de diluer les urines, d'éviter leur stagnation dans la vessie et ainsi, d'éviter la potentielle colonisation des bactéries. "Il est conseillé de vider sa vessie régulièrement, soit toutes les 3 à 4 heures, ou autrement dit à peu près 6 fois par jour", recommande le Dr Isabelle Tostivint. Pour résumer, il ne faut ni se retenir, ni aller trop souvent aux toilettes. Aussi, videz complètement votre vessie afin d'éliminer tout résidu d'urine propice à la multiplication bactérienne.

Aller régulièrement à la selle

La constipation et par conséquent la stagnation des selles au niveau du rectum, favorise la prolifération microbienne. Il est donc important de réguler son transit et de ne pas bouleverser sa flore intestinale. "Un bon transit est la sensation d'avoir vider son côlon, indique la spécialiste. Il n'est pas forcément nécessaire d'aller à la selle quotidiennement. Mais si on se sent un petit peu lourd, c'est qu'on n'a probablement pas assez vidé son côlon". Un régime riche en légumes verts, en fruits et en fibres ainsi que le fait de boire au moins 1.5 L d'eau par jour permettent d'hydrater ses selles et de lutter contre la constipation. 

S'essuyer d'avant en arrière après avoir uriner

Après avoir uriné ou être allé(e) à la selle, il est important de s'essuyer d'avant en arrière, autrement dit de l'orifice urétral vers l'anus... Mais surtout jamais dans le sens inverse, car "les germes, responsables de l'infection, proviennent du côlon (des selles), et peuvent pénétrer dans l'urètre ou dans la vessie où ils se multiplient", explique la spécialiste. Autre conseil : après chaque passage aux toilettes, lavez-vous bien les mains avec du savon

Après un rapport sexuel : faire pipi !

Lors d'un rapport sexuel, les frottements du pénis contre la muqueuse vulvaire, très proche de l'orifice urétral, favorisent le passage des germes à l'intérieur de l'urètre. "Il est important d'uriner dans les 3-4 minutes après le rapport. Le but ? Se débarrasser des germes potentiellement présents dans l'urètre et pouvant remonter dans la vessie", explique le Dr Tostivint. Par ailleurs, on déconseille de faire une toilette intime avec du savon après le rapport. "La nature est bien faite : le sperme contient de la spermine qui a un pouvoir antiseptique et le savon risque d'enlever les germes protecteurs (bonnes bactéries)". Besoin de vous rafraîchir ? Rincez-vous avec de l'eau uniquement.

Un seul lavage intime par jour !

L'excès de toilettes intimes altère la flore vulvaire, vaginale et urétrale. "L'idéal ? Une seule douche externe par jour avec un savon doux, au pH neutre et qui ne mousse pas, donc sans tensioactif, suffit largement", rappelle la néphrologue. Attention aux parfums intimes, aux huiles pour le bain et aux gels moussants d'hygiène intime qui peuvent irriter la muqueuse de l'urètre, supprimer les bonnes bactéries comme les lactobacilles et déséquilibrer, à terme, la flore génitale ainsi que son pH. 

Changer son tampon toutes les 3 heures

En période de règles, il est primordial de changer son tampon ou sa serviette périodique régulièrement (idéalement toutes les 3 à 4 heures). Si vous gardez votre protection hygiénique trop longtemps, à savoir plus de 8 heures, des bactéries peuvent se développer, et vous augmentez par ailleurs le risque du Syndrome du choc toxique. Autre conseil, "laissez le fil du tampon à l'intérieur de votre vagin, en veillant à ce qu'il soit facilement accessible. Si vous le laissez pendre dans votre culotte, les germes peuvent remonter le long du fil et proliférer à l'entrée de l'urètre", indique le Dr Tostivint. 

Attention aux carences en fer !

"Le fer est un oligo-élément qui joue un rôle important dans l'immunité protectrice. Ainsi, une alimentation trop faible en fer favorise les carences et augmente le risque d'infection urinaire", alerte le Dr Tostivint. A l'inverse, "une concentration de fer dans le sang suffisante aide à lutter contre les infections", confirme une étude de l'Inserm (2015). Alors, pour éviter les infections urinaires, privilégiez une alimentation riche en fer, en végétaux (algues, légumineuses, légumes verts) et en vitamine C (kiwi, fruits rouges, agrumes, épinard...). Le fer des végétaux est beaucoup mieux absorbé s'il est associé à des aliments riches en vitamine C.

Prendre du cranberry

En cas de récidive d'infection urinaire, il est conseillé de mesurer le pH de ses urines grâce à une bandelette urinaire. S'il est au-dessus de 6.5, le pH est alcalin, c'est-à-dire, qu'il n'est pas assez acide et qu'il y a un risque de prolifération microbienne. "Il est alors recommandé de prendre des extraits de canneberge (ou cranberry) pour faire baisser son pH et empêcher l'adhésion du germe sur les cellules épithéliales. Il existe par ailleurs des compléments alimentaires à base d'acides aminés et de canneberge", précise la néphrologue. A savoir que le jus de cranberry n'a pas été validé scientifiquement selon les dernières études.  

Faire une cure de probiotiques

Une flore commensale (ensemble de germes) déséquilibrée est souvent la cause principale d'une infection de la vessie. Ainsi "une cure de probiotiques vaginaux ou oraux est idéale en prévention, pour modifier le pH du vagin et aider à la restauration de la flore", conseille notre interlocutrice. En effet, les probiotiques permettent de développer les germes protecteurs présents dans le vagin - en particulier ceux du genre Lactobacillus - qui empêchent les bactéries beaucoup moins inoffensives de s'y installer. Toutefois, avant de vous lancer dans une cure, demandez conseil à votre médecin ou à votre pharmacien.

Bannir la cigarette

"Le tabac, qu'il soit consommé sous forme de cigarette ou de chicha, peut engluer le tapis des cellules épithéliales et favoriser le risque d'infection", précise le Dr Tostivint. Inhalés, les produits chimiques contenus dans la cigarette sont filtrés dans les reins, puis éliminées par les voies urinaires. Une partie des toxines se retrouvent dans l'urine qui est stockée dans la vessie et peuvent être un facteur aggravant d'infection.  

Merci au Dr Isabelle Tostivint, néphrologue à l'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris.