Dans "amour", il y a (aussi) "admiration"

L'admiration mutuelle est une composante essentielle de l'amour. Chacun vient y puiser le désir de l'autre et... l'estime de soi.

La septième saison de Fais pas ci, fais pas ça! met en scène un « problème de couple » dans la famille Bouley.

Par l’intermédiaire d’un chien trouvé, puis ramené à son propriétaire, Valérie a fait  la connaissance de ce dernier, un solitaire marginal et viril qui vit dans un camping, et dont elle tombe instantanément amoureuse. Ce qu’il y a de génial dans cette relation confie-t-elle plus tard à son amie Corinne, c’est qu’"on s’engueule tout le temps", alors qu’avec Denis, son mari, "ça fait longtemps qu’il n’y a plus de débat." Et par "débat" il faut bien sûr entendre aussi "ébats" : plus de débat, plus d’ébats, plus de désir, plus d’excitation, plus d’émoi.

Pendant ce temps, Denis, qui a un peu grossi et ne trouve toujours pas de boulot stable, se trouve entraîné, pendant le goûter d’anniversaire d’une amie de sa fille, à endosser un costume de méduse - l’animal préféré de la gamine. Puis, devant les bambins - médusés - à improviser un numéro dansé de polype chantant, Médusor, qui, dès le lendemain, fait le buzz sur Internet et dans les cours de récré.

L’ex. de Valérie ( joué par André Manoukian ) propose alors à Denis d’en profiter pour sortir un album, organiser un concert à l’Olympia et, afin de le convaincre sort un argument choc : "Tu as 300 000 followers, Il faut que tu laisses s’épanouir le mollusque qui est en toi."

D’abord réticent, Denis se laisse tenter par la perspective de gagner enfin de l’argent.

Et c’est ainsi que, revêtu des pieds à la tête de  son costume de Médusor, tout en lumières clignotantes et en tentacules molles et translucides, il cherche, le soir, l’inspiration devant son fils horrifié et sa femme accablée. Le malaise du couple culmine dans une scène où, déclinant le thème des animaux mal-aimés, Denis, qui ne sait rien de la liaison de sa femme, improvise la complainte du putois.

Putois, putois, elle ne veut plus d’toi

Tu voulais son bonheur, elle l’a trouvé ailleurs

Pleurs  et commentaires de Valérie : "Ton putois il pourrait peut être quand même se poser des questions, se battre, trouver un truc pour garder sa putoise. Si elle est partie, il y a peut- être une raison !"

Valérie n’a pas tort, si la putoise a "largué son putois", il y a effectivement une raison et cette raison touche à une dimension fondamentale de la relation amoureuse : l’admiration que l’on porte à son partenaire.

L’admiration est une composante essentielle de l’amour. Une composante essentielle de l’idéalisation réciproque qui marque l’illusion amoureuse des débuts d’une relation. L’autre est cet être parfait qui me reconnaît moi-même comme parfait.

Avec le temps, cette béatitude fusionnelle se fissure certes un peu, mais la nécessité demeure d’une réassurance narcissique que chaque partenaire vient puiser en l’autre. Si je vis avec quelqu’un à qui je reconnais de la valeur, c’est que  j’en ai moi-même.

Si Denis se laisse aller, se fait manipuler, se dévirilise, se déguise en méduse géante, se ridiculise ; s’il dit oui à tout, ne discute plus, ne résiste plus, ne se bat plus, une faille s’ouvre dans l’estime que Valérie lui porte, d’où la tentation d’aller chercher un autre homme à admirer pour continuer de s’admirer elle-même. Un peu n’importe qui, pourvu qu’il soit fort, sûr de lui et  capable de lui tenir tête.

On s’en doute : Fais pas ci fais pas ça étant une "feel good" série, les Bouley auront vite fait de surmonter la crise, mais ce qui est intéressant c’est de voir comment ils s’y sont pris.

Le point de bascule se fait lors d’un JT où, invité à faire la promo de Médusor, Denis brusquement se rebelle,  arrache en live son déguisement, se lance dans une tirade de défense, via la méduse, de tous les opprimés de la terre et quitte avec fracas le plateau. Sur sa lancée, il décide de reconquérir sa femme et, pour y arriver, se bat sur tous les fronts.

Parallèlement, Valérie découvre peu à peu en son beau marginal un danseur de country un peu pitoyable, égoïste à souhait, et qui n’a pas grand chose à lui proposer comme avenir immédiat sinon une tournée en camping-car dans tous les coins perdus du Middle West.

Fin de la liaison et malgré quelques rebondissements, dont une thérapie bizarroïde, fin de la crise chez les Bouley.

Cependant comme toutes les crises que traversent les couples, celle-ci nous enseigne quelque chose. Pour que leur relation reste vivante, les partenaires d’un couple doivent non  seulement  s’aimer, avoir de la tendresse, du désir  l’un pour l’autre,  mais aussi pouvoir s’admirer. Faute de quoi l’amour s’étiole et le désir perd de son éclat.

 Crédits images : France Télévision