Douleurs pendant les rapports : causes de la dyspareunie

Douleurs pendant les rapports : causes de la dyspareunie

Le terme médical utilisé pour définir les douleurs chez la femme lors d'un rapport sexuel est la dyspareunie. Ces douleurs peuvent avoir de nombreuses causes : une mycose, un kyste ovarien, l'arrivée de la ménopause, un accouchement récent... ou un blocage psychologique ?

Définition

La dyspareunie se définit par "l'apparition d'une douleur pendant le rapport sexuel chez la femme", explique Brigitte Letombe, gynécologue médical et obstétrique à Lille. Cette douleur est fréquemment définie comme des brûlures ou des crampes. " Elle peut être localisée au niveau du vagin, au début du rapport sexuel et de la pénétration, ou au niveau de l'abdomen, donc une douleur plus profonde." La douleur peut s'interrompre à la fin du rapport sexuel, mais elle peut également se poursuivre après. On distingue deux types de dyspareunie : " Les dyspareunies primaires, lors desquelles la douleur apparaît dès les premiers rapports sexuels, explique la docteure, et les dyspareunies secondaires, c'est-à-dire que la femme a eu une vie sexuelle normale, puis dans un deuxième temps les douleurs sont apparues." Une infection est souvent à l'origine de ces dyspareunies.

Causes

Les causes des dyspareunies sont nombreuses.

En cas de dyspareunie superficielles (dès le début de la pénétration) : il peut y avoir des problèmes d'infection, d'irritation, de démangeaisons, de sécheresse au niveau vulvaire voir vaginal. Il y a également les déséquilibres de flore, qui peuvent entraîner des mycoses et des vaginoses. Ces dernières donnent des pertes abondantes, irritantes, avec des mauvaises odeurs.

Ensuite, on a toutes les vulvo-vaginites : "Il y a parfois des infections bactériennes, mais ce n'est pas le plus fréquent, qui nécessitent des antibiotiques," précise-t-elle. Ça peut aussi être le chlamydiae : "C'est une bactérie qui se transmet sexuellement, qui peut donner des signes ou pas. Parfois, les signes sont simplement des petites pertes, et dans ce cas l'infection ne se voit pas et peut aller infecter des organes plus haut." Cela entraîne, dans le pire des cas, des problèmes de fertilité. Dans les infections, on peut aussi citer l'herpès qui provoque de vives douleurs.

Une mycose ? Les mycoses sont des affections très fréquentes. "Elles entraînent des problèmes d'irritation, des œdèmes vulvaires, des fissures, des pertes très épaisses et des rougeurs", explique Brigitte Lemtombe. Elles peuvent être dues à une prise d'antibiotiques ou de corticoïdes, qui déséquilibrent la flore et facilitent le développement des champignons. "Dans ces cas-là, on a souvent des femmes qui ne consultent pas et qui vont directement à la pharmacie acheter une ovule pour mycose", relève la gynécologue. Si on le fait une fois ce n'est pas grave, surtout si le traitement marche, "mais si ça se répète, il faut consulter. Il y a beaucoup de femmes qui mettent des ovules pour mycoses régulièrement et qui n'en ont en fait jamais, c'était autre-chose", insiste-t-elle.

Un herpès génital : L'herpès génital fait partie des maladies sexuellement transmissibles, extrêmement contagieux. En effet après la première infection, le virus s'installe dans l'organisme et s'y " endort ", donc ne disparaît jamais vraiment. Il se manifeste lors de poussées par de petites cloques blanches remplies de liquide évoluant en plaies, et localisées sur les organes sexuels ou à proximité. Des traitements permettent de réduire la fréquence des poussées. Attention, seul 20% des personnes portant le virus le savent : soit parce qu'elles n'ont pas de symptômes ou parce qu'elles confondent ceux-ci avec d'autres maladies.

Brûlure : Les brûlures lors de la pénétration sont le symptôme de nombreuses maladies : une vaginite, une inflammation causée par la présence d'une bactérie ou d'un champignon (mycose vaginale), ou simplement le signe d'une sécheresse vaginale. Dans ce cas, l'utilisation d'un lubrifiant peut être nécessaire. Si les brûlures persistent bien que l'examen soit normal, on parle de vulvodynie. Dans ce cas, il est important de se faire suivre par un médecin de confiance qui reconnaîtra la douleur, et qui saura trouver des solutions au cas par cas.

Le stérilet qui a bougé ? Une contraception adaptée n'est pas censée donner des douleurs. Un stérilet (DIU) par exemple est censé se faire oublier : "Quand on le sens, c'est qu'il a bougé, ou qu'il y a eu infection et qu'il faut le retirer ", rappelle la gynécologue. Il en est de même pour l'anneau vaginal, qui doit rester au fond du vagin. Le partenaire peut éventuellement le sentir pendant les rapports, mais si l'anneau bouge tout le temps, c'est ce que n'est peut-être pas la bonne contraception pour vous.

Les préservatifs en cause ? Quant aux préservatifs, il faut savoir qu'il peut y avoir une intolérance ou une allergie au latex. Dans ce cas, il est recommandé d'en prendre sans latex, voire de trouver un autre moyen de se protéger si possible (pour rappel, les préservatifs sont la seule contraception qui protège des MST et IST). Il est important de trouver une contraception adaptée à son mode de vie.

Endométriose : L'endométriose est un cas à part car le symptôme principal est "une dysménorrhée (douleur pendant les règles) qui ne fait que s'aggraver", explique le docteur Brigitte Letombe. Néanmoins, la douleur pendant les rapports est un autre symptôme reconnu de l'endométriose. Cela arrive quand les lésions ont touché les ligaments utéro-sacrés, le cul de sac de Douglas ou la cloison recto-vaginale. Le seul moyen de faire disparaître ces douleurs est, en général, la chirurgie qui supprimera les lésions.

Utérus rétroverséAvoir un utérus rétroversé n'est pas une maladie ou une malformation, c'est en réalité sans gravité et plus courant qu'on ne le pense. C'est simplement une variante anatomique : dans la majorité des cas, l'utérus est "antéversé", c'est-à-dire basculé vers l'avant, au-dessus de la vessie. Mais dans le cas où il est "rétroversé", il est basculé vers l'arrière, vers le rectum. Selon le docteur Letombe, avoir un utérus rétroversé ne donne pas forcément des douleurs : "Dans ma pratique clinique, je n'ai jamais rencontré ce cas ", confirme-t-elle.

Kyste ovarien : Il s'agit d'une petite grosseur anormale au niveau d'un ovaire, concernant moins de 10% des femmes. Le kyste ovarien et est bénins dans la plupart des cas et n'entraîne la plupart du temps aucun symptôme. Néanmoins, s'ils sont nombreux et gros, ils peuvent entraîner des douleurs. Mais en général, celles-ci sont localisées dans le bas-ventre, et non spécifiquement lors des rapports.

Douleurs après l'accouchement

L'accouchement, surtout s'il a été compliqué (nécessitant une épisiotomie ou des forceps) peut entraîner des douleurs qui perdurent. Naturellement dans ces conditions, il faut attendre la cicatrisation et la remise en forme avant d'envisager des rapports sexuels. "Néanmoins, avoir mal pendant plusieurs mois n'est pas normal, rappelle la gynécologue. Il ne faut pas hésiter à consulter pour cela et ne pas rester bloquée".

Douleurs pendant la ménopause

La ménopause peut entraîner des troubles sexuels, dont la sécheresse vaginale. C'est un cas fréquent : l'hydratation du vagin étant fortement influencée par les hormones, lorsque le taux d'œstrogènes chute pendant la ménopause, la lubrification s'affaiblit et peut causer une sécheresse vaginale chez certaines femmes. Des solutions existent, comme des crèmes ou ovules, mais aussi des lubrifiant à utiliser avant le rapport.

Le vaginisme : un cas à part

Le vaginisme est un cas à part, car "cela vient d'une contraction musculaire. Par un réflexe inconscient, les muscles tiers inférieur du vagin se referment dès une tentative de pénétration, la rendant impossible". Cette contraction se fait de façon involontaire, souvent la femme n'en a pas conscience et croit avoir un autre problème. La douleur provoquée par le vaginisme évolue selon les femmes, d'une simple gêne à une sensation de brûlure, voire de déchirement. "Pour venir à bout du vaginisme, il faut une prise en charge psychologique : chez un sexologue par exemple ou un psychologue si cela a à voir avec une histoire particulière, un passé douloureux." Il ne faut surtout pas laisser les douleurs provoquées par le vaginisme s'installer sans consulter, ou l'angoisse d'être pénétrée se traduira pas un évitement des rapports et s'installera durablement.

Qui consulter ?

Il vaut mieux ne pas attendre avant de consulter. Quelle que soit la cause de la dyspareunie, l'aide d'un gynécologue ou d'une sage-femme, les professionnels connaissant bien ce problème, est indispensable. Eux seuls pourront prescrire le traitement adapté. Si les douleurs s'installent, elles peuvent provoquer en plus une angoisse d'être pénétrée, qui risque de déclencher un vaginisme. Dans ce cas, l'aide d'un psychothérapeute ou un sexologue sera indispensable pour retrouver une sexualité normale.

Merci à Brigitte Letombe, gynécologue médical et obstétrique.