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Août 2007

La mythomanie ou le mensonge comme oxygène

La mythomanie est une pathologie où les malades éprouvent un besoin irrépressible de s'inventer une vie pour fuir la leur. Le mythomane n'étant pas capable de se rendre compte de sa condition, c'est à l'entourage de tout faire pour l'aider.
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La tête dans les nuages et les pieds pas vraiment sur terre. Le mythomane vit dans une réalité parallèle, sa réalité.
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La mythomanie se définit simplement par le fait de mentir sans même en avoir conscience. Ce terme, crée en 1905 par le psychiatre Ferdinand Dupré, tire ses racines du grec et du latin : muthos signifie légende, récit non historique en grec, tandis que le suffixe manie provient du latin mania, c'est-à-dire folie.
Tous les mythomanes ne se ressemblent pas. Le psychiatre distinguait en effet 4 types de mythomanies : la vaniteuse (la personne se vante), l'errante (la personne ne cesse de fuir), la maligne (compensation d'un complexe d'infériorité par des médisances) et enfin la perverse (fabuler pour escroquer).

Un menteur n'est pas un mythomane

Attention aux abus de langages qui consistent à considérer comme mythomanes de simples menteurs. Nous sommes tous des menteurs, à des niveaux plus ou moins importants. Néanmoins, nous avons conscience de nos mensonges et de la raison pour laquelle on les utilise : pour éviter de blesser quelqu'un, tourner les choses à notre avantage, vendre ou arnaquer, etc.

Contrairement au mythomane, le menteur altère la vérité pour tromper délibérément l'autre. Un mythomane, lui, ment pour vivre, pour croire à ses propres mensonges. Il ne ment pas pour tromper les autres mais a besoin que les autres adhèrent à ce qu'il dit pour y croire lui-même. Il ne sait pas faire la différence entre la réalité et les évènements issus de son imagination.

Les enfants, tous mythomanes ?

La mythomanie est une véritable pathologie, qui peut également être le symptôme d'un désordre psychiatrique plus ou moins grave, névrotique ou psychotique. Comme la plupart des affections psychologiques, tout débute dans l'enfance où nous sommes tous des mythos en puissance. Vers 3 ou 4 ans, les enfants découvrent que les adultes ne savent pas tout, et donc qu'on peut les duper. Ils manipulent suffisamment bien le langage pour abuser les grands et obtenir ce qu'ils désirent : éviter une punition ou obtenir une part de gâteau en plus…

C'est la grande découverte du pouvoir du mensonge qui ne s'achèvera pour ainsi dire jamais. Puis, l'enfant se crée des histoires imaginaires et fabuleuses, des amis inventés pour se créer son propre monde dans lequel il est le roi. L'enfant croie vraiment à ce qu'il raconte et ça n'est pas inquiétant.

En effet, c'est une étape normale de l'enfance. Là où il y a tout lieu de s'inquiéter, c'est quand cette tendance tend à subsister à l'âge adulte. Néanmoins, tous les mythomanes ne se ressemblent pas.

Il réussit à abuser sa famille pendant 20 ans

Bien souvent, il est très difficile de déceler un mythomane car ses fabulations sont suffisamment bien construites pour devenir impossibles à repérer. Le vrai mythomane est celui qui n'est pas découvert. S'il l'est, il réagit la plupart du temps en trouvant d'autres mensonges, en continuant à fabuler de plus belle pour que sa réalité corresponde d'une manière ou d'une autre, à la "vérité". Mais parfois, la confrontation avec la réalité faite perdre la boule au mytho et la situation peut dégénérer en une situation sinistrement macabre.

Pour preuve le terrible cas de Jean-Claude Romand qui réussit à abuser famille et entourage durant 20 ans. Lorsque sa femme commence à découvrir qu'il n'est pas le médecin de l'OMS qu'il a toujours prétendu être, il l'assassine, ainsi que ses enfants. Cette fin tragique était certainement pour lui la seule façon raisonnable de sortir de cette impasse.

Quelle attitude adopter ?

Dans le cas où la mythomanie est décelée, alors quelle attitude adopter ? Le suivre dans ses aventures fabuleuses ou le dénoncer pour le forcer à accepter la réalité ? En fait, même les spécialistes n'arrivent pas à se prononcer sur la question, ceci d'autant plus qu'il est très difficile d'évaluer le degré de lucidité du sujet mythomane.

Suivre et accepter les mensonges du mythomane pour ne pas le blesser est contreproductif car de cette façon, il s'enfermera encore plus dans son monde imaginaire. D'autre part, il ne faut pas non plus le forcer à accepter la réalité car c'est justement celle-ci qu'il a besoin de fuir, pour ses propres raisons qui l'ont conduit à se réfugier dans son monde imaginaire. C'est pour lui une question de survie que de s'échapper des réalités. Pas évident de savoir sur quel pied danser face à la mythomanie d'un proche. A chaque cas ses spécificités.

La meilleure chose à faire est de l'encourager à se faire conseiller, et vous-même par la même occasion par un psychiatre. Une analyse peut aider à trouver les causes profondément enfouies dans l'inconscient et par là même, offrir une voie vers la guérison.

 

Lire aussi :
Fiche maladie : Mythomanie


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