Allergie aux pollens : symptômes, combien de temps ça dure ?

Allergie aux pollens : symptômes, combien de temps ça dure ?

Les pollens sont de retour avec l'arrivée du printemps.

Le développement des rhinites polliniques constatées au cours de ces trente dernières années est concomitant à la progression constante de la pollution chimique. De plus "les hivers de plus en plus doux et les étés plus chauds favorisent des saisons polliniques plus précoces, plus intenses et plus longues. On retrouve désormais des pollens du sud de la France dans le nord du pays" nous indique l'allergologue Delphine Prince. "Les pollens sont les éléments reproducteurs mâles des plantes. Ils sont libérés pour permettre la fécondation. La pollinisation correspond quant à elle au transport du grain de pollen vers le stigmate de fleur femelle" poursuit le médecin. On distingue 6 grandes familles de pollens allergisants :

  • Les bétulacées : bouleau, charme, aulne, noisetier 
  • Les platanacées : platane 
  • Les fagacées : chêne, hêtre, châtaigner 
  • Les salicacées : peuplier, saule 
  • Les cupressacées : cyprès, thuya, genévrier
  • Les oléacées : frêne, olivier, troène

"La plupart des espèces d'arbres sont présentes en quantités plus ou moins importantes dans toute la France. Certaines sont plus spécifiques du Sud de la France et du pourtour Méditerranéen : le cyprès, le platane et l'olivier", commente le Dr Prince.

Calendrier : quelle est la période d'allergie aux pollens ?

"Tous les pollens ne sont pas allergisants. Les différents pollens allergisants sont émis successivement dans l'air extérieur de janvier à octobre", indique l'allergologue. Les premières allergies commencent en février avec les pollens de cyprès, puis arrivent en avril ceux des graminées, du bouleau (surtout au nord de la France) et se poursuivent l'été avec ceux de l'ambroisie.  Les principales espèces végétales responsables des allergies sont :

  • les graminées : la famille des graminées regroupe plus de 12000 espèces, dont les graminées fourragères (dactyle, fléole, flouve, ivraie, pâturin...) et les graminées céréalières (avoine, blé, maïs, orge, seigle...).
  • le bouleau (surtout au nord de la France)
  • le cyprès 
  • l'ambroisie à feuilles d'armoise 
Calendrier des pollens par mois
Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre
Cyprès Cyprès Cyprès          
    Bouleau          
    Graminées Graminées Graminées Graminées    
            Ambroisie Ambroisie

​​​​​​Quels sont les symptômes d'une allergie aux pollens ?

Les manifestations touchent le nez, la gorge, les oreilles. On observe des démangeaisons (du nez, de la gorge, du palais, des oreilles), éternuements, nez qui coule, nez bouché avec à l'extrême une perte de l'odorat. "Lorsqu'ils sont intenses, les signes de la rhinite allergique peuvent gêner le sommeil, les activités quotidiennes et être responsables d'une fatigue et de troubles de la concentration", précise l'allergologue. Des larmoiements, yeux rouges et démangeaisons, accompagnent très fréquemment la rhinite allergique. Une rhinite allergique pollinique peut s'accompagner d'un asthme. Près d'un allergique aux pollens sur deux présente des épisodes de toux, d'essoufflement, de sifflements, caractéristiques de la maladie asthmatique. Les patients ne réalisent pas toujours que ces symptômes sont des signes d'asthme et ne prennent pas de traitement adapté. "N'attendez pas pour consulter : l'allergie aux pollens nécessite un diagnostic rapide. Les traitements proposés permettent de soulager rapidement les allergiques et d'éviter l'aggravation des manifestations", remarque le Dr Prince.

Combien de temps dure une allergie au pollen ?

L'allergie aux pollens est saisonnière et annuelle. Si l'allergie est liée à un pollen en particulier, l'allergie dure pendant toute sa période. Si la personne est allergique à plusieurs types de pollens, son allergie peut durer toute la saison, généralement d'avril à juillet. 

Quels médicaments calment l'allergie aux pollens ?

► Des traitements locaux :

  • Collyres : gouttes dans les yeux
  • Gouttes nasales : Des lavages de nez au sérum physiologique sont souvent utiles. Les corticoïdes locaux (médicaments à base de cortisone) seront utiles pour venir à bout de l'inflammation nasale.
  • Les décongestionnants nasaux sont à éviter.

► Des traitements par voie orale :

  • Les antihistaminiques : Utilisés par voies orale, ils bloquent l'activité de l'histamine, une substance chimique libérée par nos cellules lors la réaction allergique qui déclenche la réaction inflammatoire responsable des symptômes.
  • Les corticoïdes par voie orale : Votre médecin vous les prescrira éventuellement, pour une courte durée, si les traitements précédents ne viennent pas à bout de vos symptômes.

► Traitements inhalés de l'asthme : ils sont de 2 types :

  • Les traitements de la crise type ventoline, à prendre au coup par coup quand vos symptômes apparaissent.
  • Les traitements de fond, à base de corticoïdes souvent prescrits matin et soir, lorsque les signes d'asthme deviennent plus fréquents. 

"Si vous êtes asthmatique, il est important de prendre ou de reprendre (si vous n'en avez besoin qu'en saison pollinique) votre traitement de fond tel qu'il vous a été prescrit. Si les crises persistent malgré le traitement ou si vous présentez un asthme pour la première fois, consultez rapidement votre médecin afin de mettre en place ou d'adapter le traitement inhalé", avertit la spécialiste.

Quand se faire désensibiliser pour une allergie au pollen ?

"Appelé aussi immunothérapie allergénique (ITA), ce traitement personnalisé prescrit par les allergologues consiste à prendre chaque jour, sous forme de médicament une faible dose du ou des pollen(s) auquel(s) vous réagissez. Cela permet de rétablir durablement une réaction normale de l'organisme lorsqu'il au contact du pollen allergisant et donc l'absence de symptômes", explique le médecin allergologue. Possible chez l'adulte et chez l'enfant à partir de 5 ans, ce traitement peut être proposé aux patients :

  • Si on a identifié (avec des tests cutanés et un bilan sanguin) le ou les pollens en cause.
  • Si les symptômes restent gênants malgré la prise des traitements symptomatiques.
  • Si vous êtes dans cette situation, vous pouvez prendre rendez-vous chez l'allergologue pour déterminer l'utilité de ce type de traitement pour vous ou pour votre enfant.

Quelles sont les allergies croisées avec le pollen ?

"L'allergie croisée est une réaction à une substance donnée chez une personne allergique à une autre substance apparentée". Aliments végétaux et pollens présentent souvent des structures moléculaires semblables qui favorisent le développement de ces allergies croisées. Les signes peuvent être plus ou moins sévères allant du simple "syndrome oral" : démangeaisons dans la bouche ou plaques rouges qui grattent autour de la bouche à la réaction anaphylactique qui peut associer difficultés à respirer et/ou malaise ou sensation de malaise. Dans certains cas, la protéine allergisante peut être détruite à la cuisson et l'allergie ne surviendra qu'à l'ingestion d'aliments crus.

Exemples connus : "Dans le nord de l'Europe : environ 50% des allergiques aux pollens de bouleau présentent des allergies alimentaires croisées, souvent à la pomme, à la noisette, à la pêche, et fréquemment à d'autres végétaux crus. Les réactions sont en général peu sévères et elles ne concernent que les végétaux crus. Les protéines responsables sont des protéines détruites à la cuisson de la famille des PR10", explique le Dr Delphine Prince. Dans le sud de l'Europe : en particulier autour du bassin méditerranéen, les réactions à la pêche et à d'autres fruits à noyaux peuvent être sévères et généralisées et elles concernent aussi les formes cuites. Les protéines responsables sont des protéines de la famille des LTP, protéines présentes dans de nombreux aliments et pollens. "Il est nécessaire de prendre l'avis d'un allergologue si vous avez déjà présenté ce type de réactions. L'allergologue pourra évaluer votre risque de présenter une réaction sévère et il pourra vous indiquer quels sont les aliments interdits ou permis et sous quelle forme", recommande la spécialiste.

Merci au Dr Delphine Prince, allergologue.